Un train qui vous rentre dedans et vous embarque sur son dos, zigzaguant sur des rails imaginaires qui ne vous permettent jamais vraiment de savoir dans quelle direction vous allez. C’est un peu l’effet que vous aurez en écoutant cet album du trio washingtonien Messthetics, adoubé de la participation électrique du saxophoniste James Brandon Lewis. Lewis est un ovni de la scène jazz, qu’on n’entend pas assez souvent. Son style est un héritage de Coltrane métissé d’Albert Ayler. Il se révèle dans une expérimentation sonore affirmée qui ne s’éloigne jamais du lyrisme. Un mariage qui trahit une force viscérale d’émotions et d’intelligence. Il fraie également dans le monde du rock, et c’est là où les Messthetics se révèlent de fabuleux compagnons. Brendan Canty (batterie), Joe Lally (basse), and Anthony Pirog (guitare) taquine librement autant le jazz que le rock, tendance rugueuse, et même le punk. La portée de cette union est emballante et on en ressent toute la suintante énergie dès les premières secondes d’écoute de cet album, déjà au panthéon de mes titres indispensables en 2024. Il y a quelque chose de post-E.S.T. sur un shot d’adrénaline dans cette musique, quelques jaillissements déchirants en plus. Deux-trois ballades de caractère impressionniste équilibrent parfaitement l’ensemble. J’ose à peine imaginer ce que ça peut donner live! Mais nous serons vite fixés : le quatuor incandescent sera à Montréal le 16 mai au Bar Le Ritz PDB. Ne ratez cela SOUS AUCUN PRÉTEXTE!
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