Le gamelan, cette envoûtante musique de percussions de l’Indonésie – une constellation d’îles ayant chacune ses propres traditions –, compte environ deux mille ans d’histoire. Le gamelan demeure fâcheusement insolite aux oreilles occidentales, sauf chez les connaisseurs de musique exotique (et, bien sûr, chez tous ceux qui ont vu le célèbre film d’animation japonais Akira). Ce n’est pourtant pas une musique archaïque, en Indonésie : le gamelan continue d’évoluer, au moyen de nouvelles approches compositionnelles et de l’ajout d’éléments. L’étiquette balinaise Insitu, par exemple, propose du gamelan contemporain vraiment fascinant.
Uwalmassa, le volet musical du collectif artistique DIVISI62 de Jakarta, va encore plus loin. L’album Malar, publié conjointement avec l’étiquette britannique Mana, rassemble diverses excursions intrigantes dans l’univers du gamelan. On y entend les possibilités les plus extravagantes du gamelan, riches en texture et liées tangentiellement au dub, à la techno et à l’industriel. Au cœur de ces grappes mystérieuses – voire obsédantes – de stimuli auditifs, on retrouve les timbres, les tonalités, les motifs et les principes du gamelan, bien que certaines règles de longue date soient allègrement écartées en vue d’obtenir une musique métissée, mais aux racines culturelles profondes.