Le violoncelle romantique de Thomas Chartré, c’est surtout celui de Brahms, de son contemporain Gustav Jenner (et seul élève de composition de Brahms) et de Schumann. Sur Romantic Cello, premier album de Chartré, le violoncelliste explore la lignée romantique de la deuxième moitié du 19e siècle. Ne connaissant pas Thomas Chartré auparavant, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai été heureusement impressionné par la force tranquille du jeu du jeune homme, et surtout sa grande élégance. Dans la Sonate en mi mineur op. 38, Chartré dialogue très bien entre les pôles sombres et lumineux de l’œuvre, tout cela avec une clarté discursive qui rend le tout encore plus compréhensible. Ce répertoire est chargé de versions de référence, mais franchement, Chartré s’en sort avec panache. Une écoute à l’aveugle entre sa lecture et une, hasard, de Rostropovich m’a raisonnablement convaincue. Ce n’est pas peu dire.
Ce qu’il fait ressortir de la Sonate en ré majeur de Jenner, c’est la ‘’légèreté sérieuse’’ de la musique. Comment dire, il dessine avec force détail le chic un brin convenu des atours de cette pièce, mais en évitant totalement de la faire paraître superficielle. Finalement, de l’Adagio et Allegro op. 70 de Schumann, émane une tendresse finement appuyée, mais pas débordante. Serhiy Salov, on le savait, est un pianiste de talent supérieur. Ici, il est à son meilleur, attentif et raffiné dans un répertoire qui lui sied à merveille.