La disparition. Celle de l’être qui peu à peu, se désintègre jusqu’à devenir néant. Pour Dana Schechter, c’est une vision récurrente. Dans les entrevues qu’elle a données dans le cadre de la promotion du nouvel album de son projet Insect Ark, elle admet que ce sentiment la hante de plus en plus : elle se voit disparaître. Avec la pandémie que nous vivons en ce moment, cette idée donne encore plus froid dans le dos.
La musique que l’on retrouve sur The Vanishing, troisième disque d’Insect Ark, est tout aussi terrifiante. La basse, jouée par Schechter, est d’une lourdeur implacable. Les rythmes de batterie que déballe Andy Patterson – nouvelle moitié du duo – sont incisifs. Des vagues de guitare lap steel, également jouées par Schechter, déferlent sur les bases jetées par la section rythmique et risquent de tout emporter. Quelques sonorités électroniques viennent également peupler ce cauchemar et lui conférer un aspect encore plus glacial.
The Vanishing est un album extrêmement bien ficelé. Il faut dire qu’avant de l’enregistrer, le duo en a joué la matière à plusieurs reprises en première partie d’Oranssi Pazuzu. Alors que les morceaux qui composent la première moitié du disque sont bien ancrés dans la terre noire, ceux de la seconde partie sont plus planants. À mi-parcours, nos pieds quittent le sol et nous prenons notre envol bien que les nuages autour de nous soient orageux. Durant la longue pièce-titre qui clôt l’album, nous sentons la tempête qui fait rage en dessous. Le tout se termine dans une ultime déflagration, puis fait place au silence.