Ramble Jon Krohn était déjà adulé par les connaisseurs pour ses prouesses aux platines et ses cool disques sur Def Jux quand A Beautiful Mine, tiré de l’album Magnificent City paru en 2006, est devenu le thème de Mad Men. Il s’est alors révélé être une sorte de James Bond du rythme – suave, élégant, un brin débauché, à l’esprit vif, avec un solide crochet du droit et divers gadgets futés cachés dans le talon de sa chaussure.
Depuis qu’il a ainsi pris du galon, RJD2 n’a plus grand-chose à prouver, et il n’essaie pas de prouver quoi que ce soit sur son dernier album. Après l’intense Dame Fortune de 2016, et l’étrange parenthèse à dominante synthé de Tendrils (sous le nom de The Insane Warrior), The Fun Ones ne cherche qu’à s’amuser, comme son titre le laisse entendre. C’est un album sans prétention avec une petite touche de nostalgie rétro.
L’un de ses éléments-clés sont les bribes de conversations téléphoniques avec des collègues comme Phonte, Mr. Lif et Kid Koala, et l’une de ses intentions est d’entretenir la flamme de l’âge d’or du hip hop avec la soul, le funk et le disco qui l’ont nourri. L’excellente A Genuine Gentleman, réunissant RJD2 et le vétéran MC Aceyalone, en témoigne de façon éloquente.
Hélas, certains éléments de cette petite sauterie ne sont pas terribles, comme l’agaçante 20 Grand Hotel (cette slap bass est-elle vraiment censée être drôle?). RJD2 ne peut pas non plus s’empêcher de faire dans le sombre et l’abject – High Street Will Never Die n’offre aucune garantie que personne ne se fera descendre sur ce haut du pavé et My Very Own Burglar Neighbor a quelque chose de délicieusement sinistre.
Les pièces auxquelles l’auditeur aura le plus envie de revenir sont les plus costaudes, en particulier la convaincante pièce d’ouverture No Helmet Up Indianola et la très généreuse Flocking To The Nearest Machine, qui est sans doute la plus réussie du lot.