Même si le pub rock teigneux y régnait à l’époque, il n’est pas surprenant que l’Australie ait été réceptive au krautrock allemand dans les années 1970. Surtout quand on considère le vaste désert rouge de l’intérieur de l’île-continent comme cadre psychique, le côté casse-cou des insulaires dans leur consommation de drogues illicites et leur aptitude à transformer des styles venus d’outre-mer en quelque chose de direct et brutal.
Les amateurs de sons psychédéliques des années 70 faits aux synthétiseurs connaissent bien le groupe Cybotron de Melbourne et ses trois disques publiés entre 1976 et 1980. Bravo au label australien The Roundtable pour la réédition numérique de leur premier 33 tours éponyme et de celui d’Implosion des années 1980, mais aussi pour avoir déniché deux jams enregistrés devant public en 1976 quand le groupe n’était composé que de Steve Maxwell Von Braund et Geoff Green, empêtrés dans les fils d’un imposant attirail modulaire.
Il s’agit de deux excursions interplanétaires d’un quart d’heure chacune qui respectent scrupuleusement les exigences de l’école de Berlin. Vous voulez des oscillations ? Des modulations en anneau ? Des formules rituelles à la Popol Vuh ou un peu de sax astral extatique à la Hawkwind ? Avec Cybotron vous avez la totale. En prime vous obtenez même le single rarissime de 1980 Ride to Infinity, un peu plus léché, à saveur toute italienne – il sapore del giallo.