Dans l’esprit des Suites pour violoncelle seul de Bach (et de bien d’autres, émules ou hommages rendus par d’autres grands noms au génie du cantor de Leipzig), le bandonéoniste Denis Plante nous offre dans sa Suite Tango une vision toute personnelle de ce genre d’exercice à la fois expressif et introspectif. Ici, c’est plutôt un duo qui sert de caisse de résonance à ses inspirations tangueira-chambristes. Pour le seconder et le nourrir, le violoncelle rayonnant d’émotions de Stéphane Tétreault. Au programme, six suites de divers formats (deux, trois ou quatre mouvements) qui se parent de toutes sortes d’atmosphères propres au terroir d’origine du tango : l’Argentine. Argentina, la première, est adéquatement enracinée dans le folklore du pays, alors que Bach to Tango est d’une poignante gravité, écho de la profondeur et de la richesse que Bach a eu et continue d’offrir à tous les mélomanes de l’Univers, musiciens ou pas. Noche de tango invite à une douce nostalgie, Las flores (les fleurs) est agréablement colorée, Mistica caresse le sacré et Buenos Aires est la trame sonore d’une ville aux mille et unes facettes. Les deux musiciens sont au diapason (pardonnez le jeu de mots) et partagent de toute évidence une grande affinité naturelle et musicale l’un pour l’autre. Bien sûr, la force expressive et la qualité technique de Denis Plante n’est plus à démontrer dans ce genre musical, mais celle de Stéphane, dont on soupçonnait certainement la force, se révèle assurément très convaincante. Cette musique est faite pour lui, ça se sent. Plus qu’un exercice de style, Suite Tango se révèle être, peut-être, le magnus opus de Denis Plante.
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