Britt Daniel, PDG de Spoon, raconte que l’image-titre Lucifer on the Sofa a surgi dans son esprit lors d’une longue promenade nocturne au centre-ville d’Austin. Ce n’est qu’après avoir écrit la pièce qu’il a pris conscience de son sens profond : ce diable assis en face de vous, sur le divan, représente ce que l’amertume, l’inertie et le désespoir peuvent faire de vous. Que les musicophiles se rassurent, Britt sort vainqueur de ce face-à-face avec le Malin. À preuve, ce Lucifer on the Sofa qui renforce la conviction suivante : dans le rock occidental, la discographie de Spoon – qui compte désormais dix albums – s’avère l’une des plus constantes, cohérentes et riches des 30 dernières années. Lucifer débute par une reprise, chose rare chez Spoon : Held, en plus étoffée, du gourou lo-fi Bill Callahan (Smog). Le boogie-rock The Hardest Cut confirme ce que l’on a longtemps soupçonné même si ça peut sembler incongru : Britt Daniel admire ZZ Top. L’âme soul de The Devil & Mister Jones provient notamment de l’apport cuivré de Steve Berlin. Dans Wild, co-créée par Jack Antonoff (St. Vincent, Carly Rae Jepsen, Taylor Swift) et Daniel, ce dernier termine ses couplets par des « Mmmm-Yeah » à la Mick dans Sympathy for the Devil, comme quoi le diable rôde toujours dans les parages. On constate l’apport grandissant du guitariste-claviériste Alex Fischel, chez Spoon depuis They Want My Soul en 2014, puisqu’il a co-créé trois des dix pièces avec Britt Daniel, qui peut aussi continuer de compter sur l’indéfectible soutien de son complice batteur Jim Eno. My Babe, Feels Alright, On the Radio, Astral Jacket, Satellite et la chanson-titre illustrent parfaitement les qualités intrinsèques de cette formation : textes juste assez ambigus, ambiances parfois inquiétantes, phrasé de type « bouche pleine de gruau chaud » et intonations hypersincères de Britt Daniel, imprévisibilité (guitares grésillantes suivant des passages doux, fulgurances rock saisissantes), mélodisme pop d’une intelligence aiguë. L’élément qui transcende tout ce qui précède et fait que Spoon est Spoon, cependant, demeure la sensibilité de Britt Daniel.
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