Le 10e album studio du Britannique Kieran Hebden est valable… pas exceptionnel. Sixteen Oceans est l’album conséquent et rigoureux d’un artiste ayant précisé son esthétique au fil de deux décennies, qui suit le flot d’une même inspiration originelle. Inspiré? Oui. Redondant? Plutôt, oui. Voilà le dixième tableau d’une approche connue, appréciée, applaudie, on en convient. Voyons voir les matériaux : florilège de sons traités, filtrés, ou laissés intacts orne ces musiques électroniques; harmonies et mélodies consonantes se posent sur des styles électroniques de différentes allégeances, techno, house, krautrock, majoritairement destinés au plancher de danse. D’autres « mouvements » calment le jeu, les sons planent, les choix ambient y sont judicieux pour la plupart. La chanteuse Ellie Goulding participe au single Baby, question d’ajouter une saveur plus pop à l’affaire. Alors? Ne boudons pas notre plaisir immédiat mais… il faut se rendre à l’évidence, les avancées de Four Tet sont minces sur Sixteen Oceans. La vision harmonique de l’artiste est en voie d’atteindre ses limites, ses connaissances rythmiques se limitent à ce qu’on connaît de la musique électronique, l’organisation des sons n’admet que des microréformes. Kieran Hebden ne pourra étirer la sauce encore longtemps avec cette même mixture, à défaut de quoi il devra se résoudre à se statufier, devenir un classique de la nostalgie électro, auquel ses successeurs feront référence avec admiration… ce qui est louable en soi.
