Quelqu’un dans la salle se souvient du groupe détroitien Sponge? Hum, très peu de mains levées… Ou alors des Detroit Cobras? Ah, c’est beaucoup mieux! Toujours est-il que ces deux groupes ont eu pour guitariste un certain Joey Mazzola, qui a par la suite mis sur pied Infinite River, avec ses concitoyens Warren Defever (His Name Is Alive) et Gretchen Gonzales (ex-Slumber Party). Cette généalogie rock compte désormais une troisième génération, puisque d’Infinite River est issu Seedsmen to the World. Au trio se sont greffés le chansonneur folk Ethan Daniel Davidson, conjoint indépendant de fortune de Gretchen Gonzales, ainsi que le batteur Steven Nistor qui a joué avec un tout un tas de musicos dont Daniel Lanois, Steve Albini et Sparks. Nos Seedsmen to the World ont dégoté quatre pièces connues et les ont passées dans leur hachoir hallucinatoire. Blood, la première, n’est nulle autre qu’It’s Allright, Ma (I’m Only Bleeding) du barde Dylan. Aux sept minutes que durait ce classique à l’origine, nos semenciers en ajoutent presque le double; la voix chevrotante de Davidson, les guitares triturées et dissonantes de Mazzola et Gonzales, ainsi que les percussions minimalistes de Nistor transforment ce refrain enlevé en mélopée. Sur Home, un standard folk-gospel jadis interprété par le duo The Consolers, Warren Defever crée dès le départ un bourdon au tanpura (une sorte de luth oriental). Vient ensuite Brown, une adaptation de The Jimmy Brown Song (The Three Bells), elle-même adaptée de la chanson Les trois cloches de Jean Villard, qu’Édith Piaf et les Compagnons de la chanson popularisèrent en 1946. Warren Defever touche cette fois-ci l’harmonium, ce qui confère un caractère solennel à la pièce. La voix de Davidson émerge avec une pointe d’énergie durant le refrain lumineux, tandis que ses collègues construisent une ambiance douce-amère. Dernière chanson au programme : Rain, une adaptation d’un tube qui date d’il y a un demi-siècle déjà, Have You Ever Seen the Rain? de Creedence Clearwater Revival. Le retour du bourdon de tanpura, l’assaisonnement aux accords épars de banjo, le chant de perfusé de Davidson et d’autres bizarreries harmoniques font de Rain la plus insolite adaptation de CCR la jamais entendue. Il s’avère donc indiqué de faire une place à Seedsmen to the World dans tout bon jardin musical.
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