La musique folklorique au Québec est difficile. C’est une institution à laquelle de nombreux artistes ont contribué, construisant une œuvre aux branches et aux courants vastes et enchevêtrés. Beaucoup ont laissé leur marque, mais aussi beaucoup de lieux communs et de tics. Rappelez-vous : il ne peut y avoir qu’un Avec pas d’casque, qu’une Safia Nolin.
C’est dans cet état d’esprit que l’on entame l’écoute du premier album de l’artiste Sandra Contour, originaire d’Alma et de Québec : en se demandant si la proposition sera une copie d’une copie d’une copie (peut-être aussi un peu en raison du fait que le rôle de critique est ingrat et qu’il rend pessimiste et de mauvaise foi). Mais qu’à cela ne tienne ! Les sceptiques seront confondus. Ces neuf chansons délicates, brodées autour des thèmes de l’isolement, du temps qui passe, de la séparation et de l’inévitable fragilité de toute chose, composent un album à la fois ensoleillé et nostalgique. L’héritage du folk sale se fait sentir dans la poésie, l’utilisation d’une instrumentation inventive (par exemple, la saveur de l’Europe de l’Est sur « Rêver c’est pour les autres », la contrebasse sur Onégile, Où est passé mon contour), la diction et les thèmes.
Cependant, Sandra Contour n’essaie pas d’être plus cool ou plus courageuse que les autres, comme l’ont parfois fait les vendeurs de folklore. Elle n’essaie pas non plus de surjouer l’apitoiement. Les contours (héhé) dessinent un parcours intéressant pour l’artiste, à condition qu’elle nous emmène ailleurs dans sa maîtrise de la frontière entre fragilité et lumière.