Pays : Canada (Québec) Label : Simone Genres et styles : pop / pop de création Année : 2020

Quand la nuit tombe

· par Alain Brunet

Rupture amoureuse, réorganisation familiale, garde partagée, nouvel amour, réalisations en périphérie, transhumance en Europe de l’Ouest, Afrique de l’Est, côte Ouest états-unienne, Côte-Nord québécoise, Montréal. Les années de bouleversement intime traversées par Louis-Jean Cormier ne peuvent certes pas se résumer par une fuite en avant, tête en l’air, direction statu quo. Nenni. LJC est un musicien habile, rigoureux, responsable, conséquent, en voilà l’éloquente démonstration. Artiste curieux, LJC laisse couler dans ses vaisseaux des flux électro, éthio-jazz et hip hop, flux pompés par le grand cœur qu’on lui connaît. Le foisonnement ici proposé puise aussi dans l’indie prog de Karkwa et les apprentissages récents de leur frontman. On le sent d’ailleurs moins consensuel mais juste assez pour maintenir son statut de pop star acquis avec la téléréalité et ses albums solos. L’impact du claviériste et compositeur François Lafontaine est ici considérable. La tension entre Lafontaine et le chanteur est au cœur de la dialectique karkwaesque; les fans des années 2000 ne seront pas déçus par la reprise de cette collaboration.

Insistons : Louis-Jean Cormier est un être profondément convivial, aimé de toutes et tous, mais la gentillesse consensuelle finit toujours par atteindre ses limites dans la création originale. Cette pause de cinq ans sans album a aussi été l’occasion d’une réflexion à ce titre : pour s’implanter à long terme, pour graver sa marque dans la création, il faut choisir entre la chèvre et le chou. Cet album ne résulte pas de choix radicaux pour autant, mais son créateur s’y mouille davantage, y fait des choix formels plus audacieux, et… pourrait ne pas faire l’unanimité côté grand public, du moins à court terme. Le texte est chargé d’humanisme et de progressisme, les sujets abordés sont pour la plupart pertinents (racisme, dogmatisme religieux, égocentrisme numérique, violence des médias sociaux, etc.), les progrès poétiques de l’auteur y sont réels, bien que la donne musicale continue à l’emporter sur les mots choisis. Voilà, en somme, une pop de création à la hauteur de Louis-Jean Cormier, le plus puissant vecteur en son genre dans la portion française de ce continent.

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