Déjà bardé de prix (dont celui de la Révélation Radio-Canada Jazz 2020-21), Carl Mayotte s’avère un bassiste de jazz nettement au-dessus de la moyenne locale. À n’en point douter, son articulation est limpide, sa vélocité impressionne, ses connaissances académiques et sa passion contagieuse confirment l’excellence de son éducation. Hormis le jazz-fusion des années 70 et 80, Carl Mayotte s’intéresse au sous-genre japonais city pop, puisant dans le rock instrumental, le soft rock, le R&B, le funk ou le boogie-blues. Cet amalgame n’est pas sans rappeler les années de gloire d’Uzeb et autres Tribal Tech. On se croirait vraiment il y a quarante ans à l’écoute de ce Fusion Quintet de Carl Mayotte, composé du guitariste Gabriel Cyr, du saxophoniste Damien Jade Cyr, du claviériste Francis Grégoire, du batteur Stéphane Chamberland, sans conteste de très bons musiciens. Au fil des décennies, cette approche fusion fut admirée par les migrants du prog au jazz, puis honnie par tant de mélomanes n’y voyant qu’ostentation technique au service de compositions décoratives et sans profondeur, et revoilà le fusion intéresser une cohorte de jeunes supporters. La Terre continue de tourner, le fusion revient au goût du jour, en voici une preuve supplémentaire, comme quoi l’excellence technique fascinera toujours. À ce titre, Carl Mayotte est certes un nouveau héros de la basse… on repassera cependant pour ses vertus compositionnelles. Au mieux, cet esprit conservateur est l’élève parfait d’un sous-genre exigeant un haut niveau d’exécution et… pour le moment du moins, n’ayant pu apporter la moindre réforme apparente à ses apprentissages.
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