Thibaut Blond s’est rebaptisé « Oete » pour la scène. Qu’il se surnomme poète sans « p » ni accent grave ne l’empêche pas de poétiser l’intimité, la chair, le désespoir, l’existence en porte-à-faux, l’être à cheval sur le néant. Et la lumière. Un peu. « Le sang chaud encore saoulé et fier – Je n’ai pas voulu rentrer hier – Pas voulu sentir ta main sur ma tête – Sur ma peau », chante-t-il sur HPV. Armes & Paillettes marque son adhésion au cercle des créateurs émouvants à mort. On lit dans la fiche d’info qu’il a tout écrit et s’est adjoint un certain Grégoire Theveny à la composition et aux arrangements. Il y a de ces collaborations qui sont si probantes que le musicophile prie pour prévenir leur dissolution. Les composantes synth-pop, néo-disco, funk-soul et autres combinaisons soutiennent plus qu’adéquatement les textes parfaits de Thibaut Blond : tout est si bien dosé qu’on ne se pose pas de questions. Ainsi, neuf chansons se déploient en toute adéquation sur Armes & Paillettes. Le sordide nous réconforte, comme dans Ami à mort (« Ami à mort – La mort m’amuse – J’adore – Sentir l’étuve »). La beauté nous accable, comme dans Défense (« Histoire de partir – De tout laisser voler – Manquer mon abîme – En chemin déserter »). Dans Liberté chérie, un tube potentiel parmi neuf autres, Oete affirme que survivre heureux est ardu, mais que vivre librement est essentiel (« Quand son visage me revient et que défilent les souvenirs – De ceux qui sont morts pour rien – Un soir de fête dans la ville »). On peut sans crainte qualifier Oete et son Armes & Paillettes de sacrées découvertes.
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