Ooooohhh, que cela ressemble à un album de l’année en jazz! En tous les cas, il sera très certainement sur ma liste 2024 Benjamin Deschamps, saxophone (ex-Révélation Radio-Canada jazz 2017-2018), Sébastien Pellerin contrebasse, Louis-Vincent Hamel, batterie et Frank Lozano, sax ténor forment le quatuor No Codes, bien trempé dans l’eau du jazz contemporain. Un jazz contemporain teinté d’énergie rock et blues, sur des harmonies chromatiques anguleuses propulsées par des rythmes musclés, exception faite de rares balades.
On remarque en particulier l’impressionnante qualité technique et musicale de ce quartette épatant. Il y a dans ce Usual Suspects une effervescence discursive qui rappelle le free jazz, mais sans le côté abrasif, échevelé et abstrait. Si la liberté laissée à chaque musicien, chacun en soi un excellent improvisateur, est grande et vastement utilisée, la clarté du cadre mélodico-thématique est telle que tous les débordements restent parfaitement ancrés dans un phrasé compréhensible et un topo général ultra limpide.
No codes porte bien son nom en jetant aux orties les codes conventionnels d’un certain conformisme, qu’il soit celui du jazz plébéien ‘’smooth’’ ou celui, parfois hautain, de l’avant-garde. Deschamps et cie nous offrent une virée qui ne rechigne pas sur l’exigence d’écoute, mais ne snobe pas non plus le pur fun »accessible » de l’expérience musicale. Un chaos contrôlé, intelligent et authentiquement communicatif.
Le principal défaut de Usual Suspects, c’est qu’il ne dure pas assez longtemps.