Sans conteste, Mykki Blanco peut être considérée parmi les plus talentueuses MC transgenres du hip hop états-unien. Testée positive au HIV il y a plus d’une décennie, yelle a traversé plusieurs épisodes d’adversité et de chaos avant de lancer un album complet en 2016 (Mykki). L’imaginaire de l’artiste n’a cessé de gagner en profondeur depuis, intégrant plusieurs matériaux stylistiques de la house ou de la pop classique à grand déploiement, bien au-delà des références typiques du hip hop ou trap grand public. Mykki Blanco se poste au carrefour de la diva et du crooner, confond les genres en s’en appropriant les caractéristiques propres. La collaboration entre la rappeuse/chanteuse et son principal réalisateur FaltyDL est plus qu’ambitieuse, probablement trop sophistiquée pour le grand public mais bien assez attractive pour conquérir des mélomanes de la pop de création à travers le monde, un créneau comparable à ceux de Blood Orange, Serpenwithfeet, Moses Sumney ou Yves Tumor. Quant au propos de Mykki Blanco, il est plus qu’assumé, transpire la confiance, la résilience et le sens critique. À la mi-trentaine, l’afro-queer n’a pas encore acquis la reconnaissance qui lui revient compte tenu de la grande qualité de ses propositions musicales mais… convenons qu’elle se trouve parmi ces artistes relativement marginaux dont le talent s’impose avec le temps.
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