Un rocher creux qui ressemble à un igloo. Une tige verte au bout effilé qui pourrait être la queue ou le tentacule d’une créature reptilienne, ou bedon une liane de catégorie menaçante. Un manche rouge dont l’extrémité est cachée par des herbes. Une forêt pas nécessairement inhospitalière. C’est ce qu’on voit sur la pochette de Fleur de l’âge, troisième album de Mon Doux Saigneur, après un homonyme en 2017 et Horizon en 2020. Aucun changement d’effectif chez ce quintette, ce qui est apparent sur disque mais encore plus sur scène (parce qu’on a pu assister au lancement de Fleur de l’âge) : ces gars-là jouent soudés, c’était particulièrement patent sur Shoegaze, étoffée pour l’occasion d’un long crescendo à la Bull Black Nova de Wilco. Le mode opératoire country-art-rock de cette formation de Chicago nous vient d’ailleurs épisodiquement à l’esprit, lorsqu’on écoute Fleur de l’âge. Tout le monde est bon chez Mon doux Saigneur : Emerik St-Cyr Labbé, l’idéateur-compositeur-auteur-chanteur-guitariste acoustique – également réalisateur ici –, Mandela Coupal-Dalgleish au rythme tapé, Étienne Dupré aux notes basses, David Marchand aux goûteux ornements de guitare pedal steel et Eliott Durocher-Bundock à la guitare parfois mark-knopflerienne, parfois mike-campbellienne, généralement tout à fait sienne. Accueillons ainsi avec gratitude cette invitation à l’évasion authentique, au fil de dix chansons sacrément bien torchées qui font mauditement plaisir à écouter.
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