Le grand écrivain afro-américain James Baldwin est né le 2 août 1924. Pour souligner cette commémoration, la bassiste et compositrice Meshell Ndegeocello a créé un album concept dédié à la mémoire de l’écrivain, qui, en plus d’être Noir, portait la « tare » d’être homosexuel dans les années 50 et 60.
Dans les États-Unis de cette époque, ça signifiait démarrer sa vie avec deux prises contre soi. No More Water : The Gospel of James Baldwin est un album complexe, qui « contient des multitudes », comme dirait Bob Dylan. Tant au niveau musical que textuel. Il est évident que les paroles prennent tellement d’importance que, si vous ne comprenez pas l’anglais, vous allez manquer beaucoup d’éléments.
Au niveau musical, cet album est totalement « transgenre ». On croirait parfois entendre du Talking Heads, ou encore du Art. Ensemble of Chicago, du folk d’église ou encore du gospel funk. Mais tout cela, c’est seulement du Meshell Ndegeocello et son formidable groupe de musiciens qui fusionnent le tout avec une intelligence et une intuition exceptionnelles.
On y entend beaucoup de textes de James Baldwin, mais pas que. Les poètes militants Staceyann Chin et Hilton Abs apportent une relecture contemporaine de l’œuvre de Baldwin, décédé en 1987. Au milieu de l’album, on est surpris par la déclamation d’un texte en français; puis, on réalise que James Baldwin a passé une grande partie de sa vie en exil en France. Merci à la compositrice de l’avoir évoqué.
Si l’on retrouve beaucoup de poèmes, les pièces chantées principalement par Kenita Miller-Hicks et Justin Hicks sont particulièrement touchantes et apportent un peu de douceur dans une création passablement intense.
No More Water : The Gospel of James Baldwin nécessite plusieurs écoutes pour être totalement compris et digeré. C’est un album qui explore la souffrance, la douleur et la résistance des Afro-descendants sous différentes coutures. C’est un album exigeant, mais exceptionnel.