Le Ragtime popularisé par Scott Joplin n’a jamais vraiment disparu. En fait, non, c’est faux : il a disparu des mémoires pendant une bonne moitié du 20e siècle avant d’effectuer une renaissance académique dans les années 1960 et un spectaculaire retour en grâce populaire dans les années 1970 en apparaissant dans la trame sonore du film The Sting (avec Robert Redford, entre autre) en 1973. Voilà pour l’Histoire 101. Son style déhanché à la fois jazz, populaire et classique savant attire depuis quelques compositeurs et compositrices qui s’y adonnent de temps en temps. L’Étatsunien William Bolcom est peut-être le plus assidu de tous. Ses rags sont tous typiques, avec tout de même quelques petits twitchs ici et là pour les rendre plus que de basiques pastiches. Il reste que, pour l’auditeur moyen, nonobstant le côté super sympathique et attrayant de ces bluettes parfois étoffées (5-7 minutes), l’impression qu’un rag ressemble à s’y méprendre à un autre rag demeure forte. On ne pourra reprocher l’enthousiasme évident qui propulse le jeu du pianiste québécois dans ce répertoire nostalgico-moderne, et l’aplomb indéniable avec lequel il leur insuffle la vie. Il aurait pu être pertinent de faire un clin d’œil à une autre Québécoise inspirée par le Ragtime : Mimi Blais. Cette dernière en a fait son principal cheval de bataille et ses compositions enjouées ont fait le tour du monde.
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