Il y a un caractère de triomphalisme amer dans ce retour en forme du Budos Band de Brooklyn. À moins que ce triomphalisme amer ne soit la forme à laquelle il revient. Ses trois premiers albums – le premier, éponyme, en 2005 et les suivants II et III – ont laissé entrevoir puis confirmé que le renouveau de l’afrobeat au tournant du millénaire pouvait faire la nique à Black Sabbath. Broyant du noir, hargneuse, brutale quand la pression se fait sentir, la formule du Budos Band pour le funk africain, éthiopien en particulier, repose sur une guitare musclée, un orgue Farfisa lugubre et la reconnaissance des racines militaires des instruments de cuivres.
Entre les albums Burnt Offering (2014) et V (2019), le groupe semblait s’être égaré dans quelque quête, s’appuyant un peu trop sur les envolées proto-métal et rock psychédélique. Les sorciers cagoulés qui ornaient leurs pochettes de disques étaient une mise en garde, mais ce mauvais sort est maintenant rompu et The Budos Band a retrouvé son mordant des beaux jours. L’assurance de ses grooves midtempo épurées, la détermination inflexible de sa section de cuivres, la satisfaction pure et simple que procurent des titres comme Gun Metal Grey et le terrifiant Sixth Hammer, tout cela prouve que même si ses membres ne sont plus de jeunes loups, comme le titre Long in the Tooth l’indique, leurs crocs sont toujours aussi aiguisés et leurs mâchoires toujours aussi puissantes.