Le 12 mars dernier, tout de suite après son concert au Empty Bottle de Chicago, Christian Fennesz a dû brusquement mettre un terme à la tournée d’une quinzaine de villes nord-américaines qu’il venait à peine d’entamer et qui devait le mener à Montréal… le lendemain. Zut alors!
Même si un enregistrement ne remplace pas un concert, surtout quand il s’agit d’une expérience aussi immersive et physique que ceux du Viennois, nous pouvons nous consoler en écoutant celui de Chicago, auquel celui de la Sala Rossa, il y a fort à parier, aurait ressemblé.
Deux longues méditations granulométriques totalisant près d’un heure où l’on retrouve des éléments de son plus récent album studio, Agora, et tout ce qui nous plaît chez lui : ce patient développement de la trame par superposition de pistes et de nappes, ces textures saturées qui s’étirent ou se tendent, ces bourdonnements multi-étagés, ces grincements qui se répercutent dans l’espace, ces crescendos qui nous font l’effet de bourrasques de décibels, ces accalmies qui ressemblent à des clairières ensoleillées, ces vestiges de mélodies qui se désagrègent, ces vagues qui nous bercent et nous emportent… et toujours ce sens de la dynamique et de la respiration, et toujours cette palette sonore qui porte sa griffe.
Il termine avec une reprise de The point of it all, de son album de 2004, Venice, qui constitue, ne vous en déplaise, la bonne prononciation germanique de son patronyme.
C’est bien dommage qu’en ce moment les voisins soient tout le temps chez eux. À défaut de pouvoir profiter de leur absence pour faire trembler les murs de votre logement, il y a toujours le casque.