Sept ans se sont écoulés depuis la sortie de Maladie d’amour, un des meilleurs albums de chanson keb franco produits au cours de la décennie précédente. Imaginé, pensé et ressenti par Jimmy Hunt dans son exil gaspésien, Le silence est une production bien de son temps : 10 chansons, 25 minutes, textes généralement très courts. C’est tout. L’auteur, compositeur et chanteur choisit de s’exprimer ici dans une approche kebamericana, à la fois élégante et minimaliste. Au programme, harmonies country-folk grattées aux guitares acoustiques, pedal steel, harmonica, batterie soft. Quelques effluves psychédéliques ou prog viennent heureusement mêler les cartes de ces miniatures. L’isolement volontaire de Jimmy Hunt a sûrement calmé ses esprits, on en ressent ici le rythme plus lent, la connexion avec la nature et les réflexions suscitées à travers ces ambiances éthérées. Les mots ici mis de l’avant y laissent planer le doute catalysé par l’alcool, peuvent incarner en toute ironie un être apparemment invincible, évoquer une scène érotique et forestière, raconter la mort d’un père aimé, fantasmer sur la table rase d’une vie, exprimer un cruel besoin d’amour des autres, identifier de « vieux amis » microscopiques logés au fond de soi et qui font s’interroger sur l’identité, admirer la musique d’une cascade, associer éloignement et décroissance, observer le silence hivernal. Ce silence, Jimmy Hunt a visiblement appris à l’apprivoiser.
