La violoniste montréalaise Laurence Kayaleh est une habituée du répertoire méconnu grâce à plusieurs enregistrements réalisés sous étiquette Naxos. On l’a entendue dans des sonates de Medtner, de Honegger, de Raff, de Catoire et de Rebay, et cette fois, c’est encore plus loin dans les ombres du passé musical qu’elle nous emmène avec ces deux titres issus du Romantisme polonais. Un romantisme passablement ‘’germanophile’’, cela dit, car les deux œuvres trahissent une évidente dette envers Beethoven et Brahms.
La Sonate en la mineur de Zygmunt Noskowski (1846-1909) a tout de la charpente beethovenienne, et plus particulièrement celle de la Sonate à Kreutzer. Son principal atout, ce sont les thèmes qui ont de l’allant et une vigueur mélodique franchement très agréable. Wladislaw Zelenski nous offre une Sonate en fa majeur op. 30 elle aussi plutôt conservatrice pour l’époque, donc beethovenienne, mais avec une largesse expressive qui regarde également vers Brahms. Encore une fois, si le style est largement emprunté, les mélodies et leur développement sont dessinés avec force et inspiration, offrant ainsi aux mélomanes une très belle découverte qui a du caractère et suscite un intérêt certain.
Il faut saluer Laurence Kayaleh, et la pianiste Bernadene Blaha, pour oser défendre ce genre de programme, conservateur mais empreint d’une qualité assurée. Difficile de comparer lorsqu’il s’agit d’œuvres jamais jouées, encore moins enregistrées, mais on sent que ces lectures solides demeureront des références pour un bon bout de temps.
Un album qui donnera du plaisir à tous ceux et celles qui aiment la musique de chambre romantique de qualité.