Roberto Carlos Lange, alias Helado Negro, s’affaire depuis une douzaine d’années à créer un parc voué à la contemplation sonore. Il vient d’y ajouter un jardin suprêmement luxuriant appelé Far In. Les musicophiles doivent en faire le tour plusieurs fois pour en assimiler toutes les beautés et douceurs. À titre d’exemple, la pièce Gemini and Leo s’amorce sur un tempo nerveux. Un riff de synthé s’y superpose. Puis, de sa voix caressante, Roberto Lange nous présente une métaphore astrologico-cosmique où Gémeaux (son épouse) et Lion (lui) dansent toute la nuit. On passe à la soul de chambre au refrain, avec vents et cordes. Des éclairs synthétiques traversent les couplets, les vents soufflent de nouveau (flûte, sax alto et clarinette) et les cordes (trois violoncelles, trois altos et huit violons) se déploient solennellement, en finale. Là et ailleurs sur l’album, la cohorte de musiciens invités n’empêche pas Roberto Lange d’enrichir lui-même ses pièces de piano crapaud Steinway, de piano de poche Critter & Guitari, d’une trâlée de synthés (Roland, Teenage Engineering, Korg, Moog, Make Noise), de pianos électriques Rhodes et Wurlitzer, de clavier Casio, de guitares électriques et classique, de vibraphone et de marimba, d’autoharpe, de batterie, steel drums et autres percussions… Ces riches ingrédients sont savamment dosés sur les quinze chansons de l’album. Helado Negro, qui signifie « crème glacée noire » dans notre langue, pourrait aussi se traduire par « bienveillance sonore ». Ou encore « optimisme onirique », comme dans La Naranja où Roberto chante « Et je sais que seuls toi et moi – Pouvons arrêter le temps – Nous pouvons sauver le monde, ici et aujourd’hui ».
Bonne promenade… et bonne contemplation.