Miss Anthropocene

· par Jean Bourbeau

Cinquième proposition fort attendue de la Britanno-Colombienne découverte par le label
montréalais Arbutus en 2010, Miss Anthropocene continue l’épopée stratosphérique de
sa protagoniste en forgeant une paranofiction oscillant entre musicalité et virtualité
cyberpunk. Grimes se met en scène dans le rôle d’une déesse anthropomorphique des
changements climatiques au sein d’une œuvre autoproclamée nu metal apocalyptique.
La musicienne livre son album le plus sombre tout en élaborant un univers pop dont elle
assure l’ensemble de la réalisation avec panache.

Aérienne et vacillante, sa voix éthérée témoigne d’une fragilité qui lui est propre et qu’elle assume avec singularité
depuis ses débuts. La facture ténébreuse de la production sème quelques
luminescences techno qui poussent entre ses incantations célestes. Dans cet album de
Claire Boucher, point du nu metal annoncé, mais une ironie conceptuelle qui prend la
forme d’une poétique du détournement et d’une déviation esthétique des codes.


Le propos lyrique est toutefois dans l’ensemble indiscernable. L’omniprésence d’effets
d’écho et d’Auto-Tune sur sa voix masque le message écolo et la charge politique
devient quelque peu accessoire. Démonologie algorithmique, intelligence artificielle et
autres fétichismes symptomatiques de notre époque se côtoient, illusoires, sans
prendre assise. Ses paroles sont cependant au premier plan sur la ballade dystopique
Delete Forever, où elle partage l’émotion à fleur de peau de deuils vécus provoqués par
la crise des opioïdes qui ravage l’Amérique.


Son dernier opus épouse donc en tous points sa démarche de pop du champ gauche.
Outre quelques fulgurances comme So Heavy I Fell Through the Earth et My Name Is
Dark
, nous restons dubitatifs devant l’offrande de la jeune artiste néobaroque, car cet
opus bonbon où rien n’est dynamité semble davantage servir à consolider la viralité de
son avatar numérique qu’à rejoindre le panthéon de ses grandes réalisations.

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