Rien depuis le mixtape Caprisongs en 2022. Son dernier album studio remonte au superbe Magdalene en 2019. Voilà enfin Eusexua, le troisième album studio de FKA twigs. Plusieurs écoutes successives, en ce vendredi 24 janvier, mènent à ce constat : on ne cesse d’en découvrir les contours après avoir d’abord ressenti du sur-place. Les premières impressions n’étaient visiblement pas les bonnes, du moins en ce qui me concerne.
Idéale est la forme pop lorsqu’on en savoure le jeu des enrobages, des surimpressions, changements de cap. Cochant toutes ces cases, Eusexua s’avère le portrait inspiré de ce qu’on entend en musique électro-hybride de grande qualité, le tout adapté à des formes pop. Le dosage des conventions et des zones exploratoires peut ainsi nourrir tout le spectre de FKA twigs.
Aujourd’hui âgée de 37 ans, FKA twigs Tahliah Debrett Barnett a fait appel à la multi-instrumentiste et productrice américaine Eartheater (Alexandra Drewchin), à l’artiste électro Koreless (Lewis Roberts), au duo américain Ojivolta (Mark Williams & Raul Cubina), au duo norvégien Stargate (Tor E Hermansen & Mikkel S. Eriksen), au producteur anglais Marius de Vries, proche collaborateur de Madonna, comme le sont Stuart Price et Jeff Bhasker.
On ne s’en étonnera pas, Madonna est l’influence la plus directe de cet album. Sa petite voix de soprano survole les beats et gagne du coffre dans certaines inflexions dans les fréquences moyennes, ce qui est aussi typique de Louise Marie Ciccone.
Y apparaît la chanteuse-rappeuse North West sur la très J-Pop Childlike This, en l’occurrence la fille de Kim Kardashian et de Kanye West.
Battements cardiaques, petit trot, gros galop, break beats, jungle, yoga chaud, uk garage, jungle, break beats, funk, les rythmes de FKA twigs n’expriment pas cette fois la douleur profonde de l’abandon, de la rupture ou de l’identité hybride voire transmutée, mutante. On ressent plutôt une maîtrise du destin, aussi provisoire puisse-t-elle être. C’est aussi plus charnel, les dispositions du corps sont les meilleures. Mélodiquement, c’est soyeux et assuré du début à la fin.
Somme toute excellente, cette pop se veut un peu moins art-pop, un peu moins expérimentale, mais se trouve suffisamment chargée de détails créatifs qui en élèvent la simplicité nécessaire aux plus gros impacts. Excellent week-end en perspective.