Avec peu de choses, peu de connaissances musicales, peu de références stylistiques, peu de maîtrise littéraire, cet artiste qui fait de la chanson d’auteur depuis peu arrive à fédérer les cœurs. Avec peu de choses, donc, Étienne Coppée séduit, subjugue, touche. D’autres passent de longues années à étoffer leur langage, leur technique, leur image, bref ils gossent longtemps et n’obtiennent jamais le quart de cet impact obtenu par ce presque débutant, gagnant des Francouvertes au printemps dernier. Choix évident: Étienne Coppée a bon goût, du flair, de l’instinct, au-delà de sa candeur épidermique. Prenons l’usage proéminent du gospel, rarement utilisé pour ériger les charpentes de la chanson keb, voilà certes un atout majeur pour cet interprète sensible et sensuel, dont la vulnérabilité assumée et dévoilée sans pudeur s’avère une vraie force artistique. La grâce des arrangements et des harmonisations vocales y est aussi pour beaucoup dans le succès de l’entreprise, le tout est décliné sur des fondements folk de chambre, mis au point par les générations précédentes à celle du jeune chanteur. Ainsi donc, ce style rétro-nuovo frappe dans le mille, reprise de Daniel Lavoie à l’appui – Je voudrais voir New York. Écoutez Cap Bon-Ami, une ballade de sensibilité brésilienne, Henri Salvador y aurait pris le même chemin ! On comprendra que la mouvance indie-keb ne s’est jamais délectée d’un tel personnage qui ose l’inviter à prendre un bain de larmes… sans s’étouffer dans la mousse, il va sans dire.
