Comment appelle-t-on un gars qui vient de Saint-Côme, chante, siffle, podorythmise, joue de la guitare, du banjo, de la mandoline et du bouzouki, a fait ou fait toujours partie des formations La Galvaude, Ni Sarpe Ni Branche, Norouet, La Bottine souriante et De Temps Antan, enseigne aux départements de musique des cégeps de Joliette et de Trois-Rivières, puis propage la bonne nouvelle trad d’ici dans moult lointaines contrées? On appelle ça un Éric Beaudry. La Futilité, son premier recueil solo, fait s’entrelacer les variantes trad et chansonnière du folk. Sept pièces au programme, c’est-à-dire 25 minutes et quelques secondes de musique habitée. Tout d’abord Marie-Composée, signée Stéphane Blanchette et Pierre-Édouard Asselin, qu’Éric Beaudry a laissée décanter pendant une quinzaine d’années avant de l’endisquer. Avant que de partir provient du répertoire récent du druide folk Gabriel Yacoub. La chanson-titre, d’un pessimisme enjoué, fut créée bicéphalement par la musicienne-chanteuse Marie-Pierre Daigle et Beaudry. Un beau dimanche soir vient du terroir trad; Clémence Gagné, regrettée transmetteuse du patrimoine vivant, et feu Gilles Cantin, qui fit partie de la Bottine souriante, l’avaient apprise à Éric. Salut J-C est un chant sans paroles composé par Beaudry. L’îlot, que JF LaMothe avait publiée sur l’album homonyme paru en 1979, est plutôt incarnée que reprise, ici. L’instrumentale Valse Bipolaire clôt l’album. Rayon instrumentistes et chœurs, Éric Beaudry ne s’est pas entouré d’amateurs : Jean-François Lemieux, Jorane, Michel Bordeleau et Éloi Painchaud, notamment, lui prêtent main forte. L’art chansonnier atteint sur La futilité un émouvant apogée.
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