En musique contemporaine, on recherche souvent de nouvelles façons de faire de la musique. Parfois, ça sonne forcé, artificiellement ‘’original’’, avant-gardiste/expérimental comme principe plutôt que comme réelle inspiration. D’autres fois, quelqu’un se sert d’un principe simple, l’applique de façon sincère et finit par créer une musique qui s’écoute agréablement sans être trop prévisible. The Sixth Dimension du Torontois Doug Wilde (Manteca) se range dans la deuxième catégorie, façon jazz, car Wilde laisse à ses partenaires des espaces pour improviser. Wilde se sert de gammes à six notes, une différente pour chaque pièce de l’album, pour créer des panoramas sonores dont la tonalité fuyante demeure agréable aux oreilles, souple et moelleuse, grâce à la nature entière des notes choisies, comme si l’on jouait uniquement avec les notes blanches du piano. Ainsi, malgré l’aspect déviant du centre harmonique, une pièce de Wilde ne recèle aucune véritable dissonance grinçante. S’ensuit une impression de légèreté et de flottement aérien des mélodies, caractéristique appuyée également par l’écriture délicate, voire impressionniste du compositeur, et claviériste, canadien. Avec Wilde aux claviers, Colleen Allen aux bois, Henry Heillig et Paul Novotny aux basses, Charlie Cooley à la batterie et James Ervin à la trompette, la qualité de la musique est bien soutenue par l’excellence de l’interprétation. Wilde est un habitué de l’écriture pour l’écran (petit comme grand) et la qualité évocatrice de ses partitions en constitue une preuve flagrante. Rien de résolument renversant en termes de nouveauté sonore, mais un très beau voyage sensoriel et esthétique dans une sixième dimension intrigante, mais accueillante. Recommandé.
