Créé en Arizona en 2009, l’Orkesta Mendoza était à l’origine un projet éphémère, le temps d’un hommage au roi du mambo cubain Pérez Prado. Une décennie et trois albums plus tard, les membres de la formation s’amusent toujours, et pas qu’un peu, si l’on se fie à Curandero.
Le leader de l’OM, Sergio Mendoza, est également membre du groupe de Tucson, Calexico. L’un et l’autre ont en commun un certain nombre d’ingrédients de base provenant des deux côtés de la frontière ainsi qu’une sensibilité assez cinématographique. Mais outre cela, Calexico et l’Orkesta de Mendoza, c’est littéralement le jour et la nuit. D’un côté, on a le « désert noir » sombre et désolé du premier, imprégné d’une ambiance ténébreuse, et de l’autre le « mambo mexicain », bilingue, convivial (les invités abondent sur Curandero) et baigné de soleil.
La Paleta, une cumbia musclée et entraînante, ouvre le bal, et de là, comme une roue de fortune aux couleurs criardes qui tourne, Curandero propose à chaque nouvelle pièce quelque chose de différent. Head Above Water est un ska tropical pétillant, tandis que Eres Oficial et Why You Looking That Way sont des espèces de boogaloo bubblegum bondissants. Il y a aussi la ranchera dub-reggae sentimentale et psychotrope de Me dejo Llevar, l’ornementation à 8 bits d’El Chumina et le mambo insolite de Bora Bora. Le tout se termine avec le très dansant boogie-woogie de Hoodoo Voodoo Queen qui maintient la bonne humeur irrévérencieuse de l’album jusqu’à son accord final.