Pays : Canada (Québec) Label : Justin Time Genres et styles : jazz moderne Année : 2024

Christine Jensen Jazz Orchestra – Harbour

· par Frédéric Cardin

Avec Harbour, Christine Jensen réunit pour un troisième album de compos pour son big band ses meilleurs amis et membres de la famille, montréalais et new yorkais. Après Treelines (2010) et Habitat (2013), Jensen continue son exploration des possibilités du grand orchestre de jazz, qu’elle maîtrise de mieux en mieux et pour lequel elle est en train de créer un corpus de calibre éminemment pérenne et international. Il y a bien entendu la maturité qui fait son effet. On entend la Montréalaise convoquer les multiples influences qui la guident, mais les marier, les entrelacer et les bonifier de ses propres inspirations afin d’obtenir un résultat foisonnant de dynamisme et de textures. La personnalité de Jensen se retrouve dans une sorte d’optimisme et de fluidité aisée qui traverse tout l’album, contrairement à d’autres ‘’modernes’’ qui laissent certains stéréotypes de modernité envahir leur démarche (grincements, cynisme, noirceur émotionnelle, sonorités abruptes et anguleuses). La musique de Jensen n’est jamais simple, mais elle est continuellement facile à aimer. C’est un merveilleux sentiment de confiance en la beauté du monde qui nous embrasse tout du long de l’écoute de Harbour, malgré les exigences attentives requises par son écriture.

Toutes ces constructions raffinées et complexes se déploient dans de grandes et belles lignes mélodico-harmoniques, et dans ces trames riches percolent des éléments savants comme quelques passages atonaux/impressionnistes magnifiquement colorés (Cascadian Fragments). Ailleurs (Swirlaround), Jensen fait plus rock, avec un beat lourd qui soutient de très beaux chorus de cuivres, un monologue de guitare électrique (excellent Steve Raegele) ou quelques jolies gouttelettes de piano (Gary Versace). Soeurette Ingrid apporte aussi quelques magnifiques épisodes de trompette, mais également d’électro suffisamment présente pour titiller gentiment l’oreille, et suffisamment discrète pour ne pas dénaturer la démarche essentielle du projet, celle d’un big band enraciné dans la tradition du genre. Oui, tout cela existait déjà dans les albums précédents. Mais on sent ici que la finition du produit, l’élégance et la cohérence des constructions, l’assurance de la direction artistique totale, l’organicité parfaitement intégrée de tous les détails, tout cela, donc, est porté à un niveau de maîtrise inégalé.


Treelines et Habitat étaient excellents. Harbour est tout simplement magistral.


Tout le contenu 360

Nouvel Ensemble Moderne : un vif éloge aux textures réussi

Nouvel Ensemble Moderne : un vif éloge aux textures réussi

Stéréo Africa Festival – Ali Beta, le troubadour qui fait de l’afro-jazz

Stéréo Africa Festival – Ali Beta, le troubadour qui fait de l’afro-jazz

Blair Thomson, arrangeur de Half Moon Run pour l’OSM: chapitre 2 !

Blair Thomson, arrangeur de Half Moon Run pour l’OSM: chapitre 2 !

Finale des 29e Francouvertes: Muhoza et sa troupe ont conquis le public et le jury

Finale des 29e Francouvertes: Muhoza et sa troupe ont conquis le public et le jury

FIMAV | Sleepytime Gorilla Museum, au musée de toutes les secousses

FIMAV | Sleepytime Gorilla Museum, au musée de toutes les secousses

A Place To Bury Strangers sur la construction d’armes soniques et les spectacles qui ressemblent à des accidents de voiture

A Place To Bury Strangers sur la construction d’armes soniques et les spectacles qui ressemblent à des accidents de voiture

Apolline Jesupret – Bleu ardent

Apolline Jesupret – Bleu ardent

Alison Luthmers – Johann Helmich Roman : Assaggi for solo violin

Alison Luthmers – Johann Helmich Roman : Assaggi for solo violin

Concordski – Salon des arts ménagers

Concordski – Salon des arts ménagers

Salon des arts ménagers de Concordski, rétro-futuriste et légèrement décalé

Salon des arts ménagers de Concordski, rétro-futuriste et légèrement décalé

Stéréo Africa Festival, vu par la Montréalaise Saphia Arhzaf

Stéréo Africa Festival, vu par la Montréalaise Saphia Arhzaf

Jérôme 50 – Anarcolique

Jérôme 50 – Anarcolique

Stéréo Africa Festival – Un voyage entre Afrique et Amérique latine

Stéréo Africa Festival – Un voyage entre Afrique et Amérique latine

Marc-Antoine d’Aragon chante JP Ferland avec le noyau de ses musiciens

Marc-Antoine d’Aragon chante JP Ferland avec le noyau de ses musiciens

Choses sauvages – III

Choses sauvages – III

FIJM 2025 | La programmation expliquée par Modibo Keita (2e partie)

FIJM 2025 | La programmation expliquée par Modibo Keita (2e partie)

FIRE ! Orchestra au FIMAV : le power trio à la rencontre de la communauté canadienne de la musique actuelle

FIRE ! Orchestra au FIMAV : le power trio à la rencontre de la communauté canadienne de la musique actuelle

Everything is Recorded – Richard Russell is Temporary

Everything is Recorded – Richard Russell is Temporary

Wu-Tang Clan & Mathematics – Black Samson, the Bastard Swordsman.

Wu-Tang Clan & Mathematics – Black Samson, the Bastard Swordsman.

Stéréo Africa Festival – Cocktail privé d’ouverture

Stéréo Africa Festival – Cocktail privé d’ouverture

Classica 2025 présenté par Marc Boucher: Mers intérieures avec Marianne Lambert

Classica 2025 présenté par Marc Boucher: Mers intérieures avec Marianne Lambert

Les pouvoirs magiques d’Erika Hagen

Les pouvoirs magiques d’Erika Hagen

Le jazz au Festival international de jazz de Montréal expliqué par Modibo Keita

Le jazz au Festival international de jazz de Montréal expliqué par Modibo Keita

Dalit Hadass Warshaw, Boston Modern Orchestra Project / Gil Rose – Sirens

Dalit Hadass Warshaw, Boston Modern Orchestra Project / Gil Rose – Sirens

Inscrivez-vous à l'infolettre