Aussi bien vous le dire: je suis un fan de Bruce Cockburn depuis ses tout débuts. L’auteur-compositeur ontarien a toujours été adulé par l’intelligentsia de Québec, à partir du milieu des années 70. Alors qu’à Montréal, il était davantage perçu comme un chanteur « pour les anglais ».
Je me rappelle de ma consternation, quand en 1978, alors étudiant à l’UQAM, je l’avais vu dans une salle à moitié vide, au Théâtre St-Denis, alors que la Palais Montcalm de Québec était toujours plein à craquer.
Du premier homonyme, de 1970 jusqu’a O Sun O Moon, il y a eu plus de 30 albums. Et le gars, originaire de Québec, les a presque tous écoutés.
Bruce Cockburn est avant tout un formidable guitariste, diplômé de Berklee. Il a connu des périodes plus, folk, plus jazz, plus rock, plus blues, mais tout est construit autour des guitares. Complexes, inventives, brillantes.
À mon avis, Bruce Cockburn est, après Paul Simon, l’auteur compositeur qui sait le mieux marier guitare et chanson.
O Sun O Moon ne réinvente pas la musique de Cockburn. A bientôt 78 ans, le monsieur s’est déjà beaucoup réinventé. Ici, on est plus proche d’un album testament. Un peu, encore une fois comme Paul Simon et son génial Seven Psalms.
Ça commence sur un rock acoustique bluesy. On a Roll, avec des couches de guitare bottleneck électrique.
« Le temps fait son oeuvre, mais mon âme est toujours le vent en poupe »chante-t-il.
Puis, suit tout l’écosystème cockburnien: folk méditatif, ballade jazzy, pièce instrumentale, country folk. Avec de l’accordéon, du violon, des marimbas. Et des tonnes de guitares. Du dulcimer. Et de très jolis solos ciselés.
Et beaucoup de méditations spirituelles dans le texte. Cockburn a toujours été un croyant, un chrétien progressiste . To Keep the Word we Know nous rappelle que notre planète brûle, de l’Australie à l’Italie en passant par l’Amazonie. Une chanson dans laquelle on entend Susan Aglukark chanter en inuktitut.
Bruce Cockburn a écrit beaucoup de chansons engagées durant sa longue carrière , parfois trop, selon certains critiques. Ici, nous sommes davantage dans l’humanisme, les connections spirituelles et le pardon.
Et sa voix, malgré l’âge, tient très bien la route.
Bonne fin de route, Bruce. Je peux te le dire en français puisque tu as écrit plusieurs chansons dans notre langue.
Si vous souhaitez écouter du Cockburn instrumental, je vous suggère Crowing Ignites , de 2019. Un fantastique album guitaristique.