Avec Disharmonium – Nahab, second opus de leur plus récente trilogie, le très prolifique Vindsval et ses acolytes exploitent de nouveau la facette la plus psychédélique de leur répertoire. S’il reste quelques échos du black métal sur ce nouveau tour de force, ceux-ci ne peuvent être entendus d’une dimension fort lointaine.
Blut Aus Nord, groupe de black métal français plutôt mystérieux, avait fait son entrée dans le panthéon du genre avec la trilogie 777, dont les sorties auront marqué les années 2011 et 2012. Il s’agissait de la version la plus avant-garde du projet, aussi constitué d’albums mélodiques et plus traditionalistes. Depuis, l’ensemble a été très productif, sans toutefois susciter le même engouement qu’il y a dix ans. Avec cette nouvelle série d’albums, le vent semble enfin tourner.
Esthétiquement, Disharmonium – Nahab s’inscrit tout à fait dans la vague de métal obscur et dissonant qui a été lancée par Gorguts et Ved Buens Ende au milieu des années 1990, puis popularisée par des groupes tels que Deathspell Omega et Portal la décennie suivante. Sans être complètement atonales, les compositions de Blut Aus Nord s’accrochent à des suites d’accords tendus qui tardent à offrir une résolution. Voix et batterie sont dissimulées à l’arrière-plan, mettant plutôt à profit l’atmosphère créée par les multiples couches de guitare sans frette. La longueur raisonnable des morceaux compense par ailleurs pour leur développement labyrinthique, faisant de la musique de Blut Aus Nord une affaire relativement accessible.
Si une troisième offrande de ce calibre est prévue dans la prochaine année, voilà qui conclura brillamment la trilogie Disharmonium. Le constat est clair: Blut Aus Nord demeure aux premières loges de l’innovation en métal extrême.