D’après ce qu’en révèle Aphasic Forest, le studio de Lee Evans – un « synthétiste modulaire » tel qu’il se définit lui-même – semble être un croisement entre l’atelier du Père Noël et le laboratoire du Dr Frankenstein. En fait, le savant fou de Shelley n’avait pas les ambitions d’Evans. Il cherchait à créer un organisme, pas tout un écosystème. À partir des circuits de ses synthétiseurs, Evans crée de toutes pièces la flore et la faune de sa forêt stéréophonique et lui invente un vocabulaire fantasmagorique.
Mais l’idée motrice derrière ce biomimétisme ne s’arrête pas là. L’architecture des pièces d’Evans implique aussi les modèles macroscopiques complexes de la nature en mouvement, ses cycles, sa circulation et ses interactions. Dans ces compositions mettant à profit des sonorités émulant celles des instruments xylophoniques et évoquant Riley et Reich, de sublimes passages mélodiques émergent au milieu de la douce cacophonie produite par toutes ces étranges créatures imaginaires.
Tout coule comme un liquide sucré qui scintille et gargouille. Il n’y a pas d’insectes piqueurs dans ce coin de la forêt, on n’y voit ni lions ni tigres ni ours. L’univers sonore qu’Evans a inventé est paisible, mais débordant de vie.