Premier album complet pour cette artiste qui avait créé la surprise avec son premier EP en 2022, raflant les éloges de la presse musicale lusophone et on s’en doute, créant des attentes anxiogènes de la part de celle-ci quant à la suite. Qu’elle en ait tenu compte ou non importe peu, elle confirme avec Vou Ficar Neste Quadrado qu’elle a de l’étoffe et qu’elle mérite l’attention qu’on lui porte.
Multi-instrumentiste qui se produit seule en spectacle, issue de la foisonnante scène musicale de Lisbonne, elle amalgame la musique traditionnelle portugaise avec des rythmes électroniques qui achoppent et des échantillonnages de la vie de tous les jours. Elle créeainsi une œuvre singulière inspirée de Bjork et Laurie Anderson, qui peut rappeler par moment celle de Juana Molina ou plus près de nous, Lido Pimienta. Elle se distingue avec une inclination sonique envers ce qui clashe: plus prononcé, presque industriel, très percussif, expérimental.
Elle superpose et impose à cette proposition musicale un chant qui se love ou se braque, avec la capacité d’un lyrisme inspiré par la musique traditionnelle. Elle sait en varier l’intensité, entrecoupant l’affaire d’un presque rap qui tranche et tape sur la table, au présent, le tout en portugais, souvent en canon. Bref, elle en fait beaucoup pour ses chansons, et ça fonctionne.
À part les boucles qui s’étirent un peu trop par moment, Ana Lua Caiano offre ici l’album qu’elle devait faire, un peu plus fort et un peu plus poussé que ses EPs, dessinant clairement les contours et les couleurs d’un univers où le passé se conjugue au présent en dessinant l’avenir. Un album à mettre sur le dessus de la pile virtuelle.