Le joueur de pedal steel de Nashville Luke Schneider qualifie sa musique de « nouvel âge » bien plus facilement que l’auteur de ces lignes ne saurait le faire. Le genre (pensez ambient, mais avec des bâtonnets d’encens plutôt que luminescents) est souvent tourné en dérision, et à juste titre, autant pour son insipidité que ses prétentions de profondeur. Mais, qui sait, ce nouvel âge est peut-être le plus récent chapitre de sa propre vie, qui culmine avec le majestueux et spirituellement lénifiant Altar of Harmony.
Les démêlés alcooliques de cet ancien rocker de garage devenu musicien de studio très prisé ont atteint un sommet alarmant en 2014, lors d’une tournée aux côtés de The Black Lips. Revenir à soi dans une salle d’urgence constitue en effet un sérieux avertissement. Schneider vit depuis les tourments du toxicomane en voie de guérison, en s’abstenant de boire et en s’engageant dans des activités créatives qui lui permettront de tenir ses démons à distance et de faire place à la lumière. Musicien, guéris-toi toi-même.
C’est pourquoi Altar of Harmony est si méditatif. S’étirant et se superposant en bourdons gracieusement immersifs, les notes amplifiées et trafiquées de la guitare lap steel de Schneider créent un véritable sanctuaire sonore dont les puissantes propriétés therapeutiques sauront être comme un baume pour le cœur et l’âme de bien des gens.