Il y a du talent au Québec. C’est une évidence. Après, il y a également une industrie musicale sous forte pression, d’abord à cause de l’imprévisibilité de la réception des publics aux productions culturelles, en général, et à notre marché restreint. Peut en découler parfois un certain mimétisme : on s’inspire de ce qui marche bien afin d’augmenter les chances de réussites. Combien d’auteurs-compositeurs-interprètes masculins faisant actuellement dans le soft-rock/indie folk post-Jimmy Hunt pouvez-vous nommer ? Moi, beaucoup.
Alexandre Fournier, alias Alix Fernz dans le cadre de ce projet, ne fait certainement pas partie de cette liste. Le jeune auteur-compositeur-interprète touche allègrement au danger, à la nuit, au cru, à la distorsion, à l’anxiété, à la voix modifiée, au reverb, pas nécessairement dans cet ordre. L’artiste a quelque chose d’unique à proposer, avec son glam rock secoué et synthétique, aveuglant comme une lampe braquée sur le regard alors qu’on est entouré de noirceur. Ce petit Bizou, fait de pièces généralement brèves et expéditives à l’énergie punk, contient des morceaux agréablement déroutants, nécessitant plusieurs écoutes, comme la très new-wave Défigurée, ou bien la balade aux airs d’opéra-rock Bizou. Mais ailleurs, on retrouve cette tendance à l’emprunt, ici à d’autres créateurs rices de la vague post-punk (voulez-vous parler d’un mot fourre-tout d’ailleurs ?) québécoise des dernières années. On pense à Crabe, à La Sécurité ou à Victime. S’il pouvait se libérer entièrement de ces manies, Alix Fernz — et nous — n’en serait que plus heureux, plus sincère, et encore plus intéressant comme créateur.