Rarement pense-t-on au répertoire de musique chorale profane quand il est question de Camille Saint-Saëns et de Reynaldo Hahn. Compositeurs emblématiques de la « Belle époque », ils sont plus aisément associés à l’opéra – opérettes dans le cas de Hahn – et à la mélodie française. C’est là un des principaux points forts de ce nouvel album signé par l’ensemble vocal Accentus, dirigé par son chef associé Christophe Grapperon. Une large place est faite aux œuvres a capella de ces compositeurs, notamment par l’enregistrement en première mondiale de deux pièces de Reynaldo Hahn, L’obscurité et À la lumière, cette dernière donnant son nom à cet opus. Pièce-fleuve de dix minutes, À la lumière se déploie comme un lever de soleil. Débutant dans des graves fantomatiques et des harmonies diaphanes qui s’alternent avec des épisodes animés, l’œuvre évolue et se transforme progressivement pour se conclure dans une apothéose lumineuse. L’obscurité, son pendant contraire, évolue dans le même univers harmonique. Avec ces paysages sonores, on retrouve des pièces de Saint-Saëns aux riches harmonies et dans un esprit tout à fait d’époque, des textes de madrigaux et de chansons de la Renaissance, que Hahn met en valeur dans une texture homorythmique et un langage tonal frais. Menées par Grapperron et secondées au piano par Eloïse Bella Kohn le temps de trois pièces, les voix de l’ensemble font résonner, dans une très grande justesse vocale, une interprétation sentie précise et intelligible des textes, dans une rayonnante mise en lumière d’une partie peu connue de la musique chorale française.
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