Depuis la migration de hordes de hipsters au pays du folk-rock, soit les années 90, Chan Marshall alias Cat Power, est sans conteste devenue l’une de leurs égéries. Habitée, voire squattée par ses émotions, la chanteuse désormais quinquagénaire offre ici un album de reprises (sauf une de son cru) comme elle l’a déjà fait en l’an 2000, ce qui nous en dit long sur l’éclectisme mature de ses propres goûts musicaux. Ainsi, l’interprète passe de la vedette néosoul Frank Ocean (Bad Religion) à feue la pionnière country Kitty Wells (It Wasn’t God Who Made Honky Tonk Angels), Nick Cave & The Bad Seeds (I Had a Dream Joe), Lana Del Rey (White Mustang), feue Nico (These Days, écrite par Jackson Browne) ou même feue Billie Holiday (I’ll be Seing You, écrite par le tandem Fain/Kahal). En bref, cette douzaine de titres qui ratissent large (rock, soul, folk, country), exécutés par une chanteuse d’expérience et disposant d’une formation plus qu’aguerrie (guitares, pedal steel, basse, batterie, claviers) pour s’approprier un corpus aussi diversifié. Alors qu’elle était en pleine gloire, on a déjà vu et entendu Cat Power errer sur scène, chanter vraiment faux, surfer sur une réputation… surfaite? Cette perception négative ne tient pas la route, à l’écoute de cet album des plus incarnés, dont le fil conducteur est tout simplement la voix de Cat Power.
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