Encore quelques jours pour profiter du volet cinéma du festival Suoni Per Il Popolo présenté conjointement avec le Cinéma Moderne. La programmation recèle quelques beaux morceaux, à commencer par le documentaire réalisé sur le saxophoniste et compositeur Ornette Coleman en 1985 par la cinéaste Shirley Clarke, Ornette : Made in America.
On se souviendra que madame Clarke – l’une des rares réalisatrices à cette époque – avait lancé son premier long-métrage, The Connection, en 1961. Il s’agissait de l’adaptation d’une pièce de théâtre portant sur une bande de musiciens de jazz accros à l’héro qui, comme dans la célèbre pièce du Velvet Underground I’m Waiting for the Man, attendent la visite de leur revendeur. La bande sonore, signée par le pianiste Freddie Redd dans la tradition du bop en vogue à ce moment, mettait notamment en vedette le saxo alto Jackie McLean. Si ce film est son plus connu, c’est que la plupart des autres qu’elle a tournés par la suite ont eu toutes sortes de démêlés avec la censure aux États-Unis. Ornette : Made in America constitue sa dernière production cinématographique.
Ce portrait du père de l’harmolodique forme une mosaïque complexe composée d’images d’archives, de séquences de fiction, de concerts devant public et d’entretiens. Parmi les personnes interrogées signalons la présence des musiciens Don Cherry et Charlie Haden, qui ont longtemps fait partie du groupe de Coleman, ainsi que celle du compositeur et chef d’orchestre George Russell, des auteurs William Burroughs et Brion Gysin, et même de l’architecte, designer et théoricien Buckminster Fuller.
Précédé d’un court métrage sur le saxo de free jazz Marion Brown tourné en 1967.
Autre programme à signaler, une rétrospective des courts métrages du cinéaste Karl Lemieux. À seize de ses courts métrage expérimentaux – dont le plus ancien, avec musique de Lee Ranaldo, remonte à 1998 – s’ajoutent des extraits de performances multiprojections : avec Jerusalem In My Heart au Suoni Per Il Popolo en 2007, Godspeed You ! Black Emperor au Bataclan de Paris en 2015, BJ Nilssen au 25 FPS International Experimental Film and Video Festival de Zagreb en 2017, et Philip Jeck et Michaela Grill au Foundation for Art and Technology de Liverpool en 2017.
À noter également, dans un programme regroupant divers portraits et documentaires, on retrouve le film Pauline Julien, intime et politique, que la cinéaste Pascale Ferland a consacré à l’égérie du mouvement indépendantiste en 2018, sauf que ce film, comme la plupart de ceux provenant de l’ONF – sauf erreur – sont visionnables en tout temps et gratuitement sur le site de l’Office.