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Les deux concerts auxquels Yukari Cousineau participe au festival Classica de Saint-Lambert constituent par ailleurs une belle occasion pour la violoniste de s’adonner à la musique de chambre, un art qu’elle aime beaucoup. Mozart et Saint-Saëns sont au programme. Rendez-vous les 18 et 19 juin pour l’écouter.
LIEN VERS LE CONCERT SAINT-SAËNS
Pan M 360 : Bonjour Yukari. Tu te prépare à jouer les Quintettes de Mozart et les Quatuors de Saint-Saëns avec d’autres excellent.e.s cordistes au festival Classica. Commençons par les Saint-Saëns : que penses-tu de ces œuvres?
Yukari Cousineau : En ce qui me concerne, ce sont de très belles surprises! Je dois avouer que je ne les connaissais pas avant de m’engager dans leur préparation. Ce sont des pièces injustement oubliées qui méritent d’être jouées! Saint-Saëns les a très bien écrites. Le deuxième a un petit quelque chose de classique (le lien avec Mozart est le thème principal du festival cette année), mais en plus funky.
Pan M 360 : Qu’aimes-tu le plus de ces nouvelles découvertes?
Yukari Cousineau : L’énergie qui s’y trouve. C’est surprenant de constater la force de la ‘’drive’’ dans ces partitions. Ça déménage! Je suis aussi impressionnée par la complexité rythmique de l’écriture et par la quantité de détails qui s’y trouvent. C’est pas mal touffu. Franchement, ce sont des quatuors redoutables, mais surtout très agréables à écouter!
Pan M 360 : Tu es également sur scène pour les deux Quintettes de Mozart (avec Elvira Misbakhova, Chloé Dominguez, Marc Djokic et Cynthia Blanchon). Que représentent ces œuvres pour toi?
Yukari Cousineau : C’est un magnifique lien avec mon enfance! Je viens d’une famille musicale (mon père, Jean Cousineau, a fondé l’école des Petits Violons). Frères et sœurs, on se levait tôt le matin avec lui pour jouer, d’abord en trio puis en quatuor, à mesure que nous étions assez grands pour pouvoir le faire. Je me rappelle la première fois que j’ai entendu le Quintette en sol mineur, j’ai été séduite immédiatement. La beauté de cette musique m’a renversée. Et surtout, le plaisir de jouer ces partitions à la fois abordables, même pour de jeunes musiciens, et dotées d’une richesse inouïe. On peut les travailler toute sa vie sans jamais en avoir fait le tour. C’est une musique remarquablement formatrice car tout y est : le plaisir, la beauté, la technique (abordable mais rigoureuse), le sentiment de pouvoir s’y réinvestir tant qu’on veut. Je suis très heureuse d’avoir l’occasion de m’y replonger à ce moment de ma vie, et avec des collègues estimés.
Pan M 360 : Qu’apprécie-tu le plus de ceux-ci, justement?
Yukari Cousineau : Leur enthousiasme! Tout le monde est content, tout le monde est amoureux de ce répertoire, et surtout conscient de la chance que nous avons de pouvoir jouer devant le public, après cette longue période de pandémie. Le côté festival est contagieux aussi. Tu sais, jouer dans ce contexte festif, ça nous rend de bonne humeur, on se sent pétillants, il fait beau, l’été arrive…. Tout le monde travaille fort et est hyper concentré pour tout mettre ensemble, placer les millions de détails de cette musique pour que les auditeurs vivent une belle expérience musicale. Il y a cette difficulté supplémentaire quand nous ne sommes pas un ensemble qui travaille régulièrement en communion. Il faut être intense en matière d’attention et de concentration parce que tous nos apprentissages doivent se faire assez rapidement. Mais puisque ce sont des artistes exceptionnels, et que l’atmosphère est souriante, le travail se fait super bien. Bref, l’expérience est des plus agréables!
Pan M 360 : Tu mentionnais plus tôt ton héritage, celui d’abord construit par ton père Jean. Comment le portes-tu?
Yukari Cousineau : Avec fierté. Encore aujourd’hui, l’école est active avec ma sœur désormais à la direction. Je suis impressionné par sa capacité à composer avec toutes les exigences de ce genre d’entreprise. Elle s’adapte bien au changement de la clientèle, différente de celle d’il y a 40 ans. Les jeunes sont sollicités par tellement de choses différentes maintenant. Il faut le comprendre et trouver des façons d’avancer avec cela. Ma mère se présente encore au bureau régulièrement. Ça fait donc totalement partie de moi, tout comme la méthode d’enseignement qui y est associée et qui m’a initialement formée. J’ai grandi avec ça.
Pan M 360 : Tu es violon solo de l’Orchestre métropolitain (OM) depuis 2010. Tu es par le fait même l’une des rares femmes à ce poste dans un grand orchestre. Comment perçois-tu cette situation en tant que femme?
Yukari Cousineau : C’est drôle parce que c’est surtout de l’extérieur que cette notion me parvient. Si on ne m’en parlait pas, je n’y penserais probablement pas. Mais tant mieux si cela peut servir de modèle pour de jeunes filles qui veulent faire carrière. C’est important d’avoir des modèles. Mais je ne perçois pas mon rôle en ce sens. Pour moi, celui de violon solo est le plus important, et celui d’offrir la meilleure qualité de jeu et de musique au public et à mes collègues est au premier rang.
De plus, je n’ai jamais vraiment eu cet objectif de carrière à mes débuts. C’est arrivé de façon fluide, naturelle, sans planification focalisée. Je suis très heureuse d’être à ce poste désormais, cela dit, et si je peux servir d’inspiration, j’en serais ravie!
Pan M 360 : Merci