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Le percussionniste et arrangeur Yacine Ben Ali accompagnera le maâlem Moktar Gania sur la scène du Théâtre Fairmount le 18 juillet, dans le cadre du Festival international Nuits d’Afrique. Ce sera la première fois qu’ils joueront des pièces de leur album Gnawa Soul en Amérique du Nord.
Considéré comme un maître dans son pays, Moktar Gania a collaboré avec des grands de la musique, dont le guitariste Carlos Santana. C’est aussi l’un des piliers de la musique « gnawa », un ensemble de chants et de rythmes marocains. Cette musique thérapeutique est normalement chantée lors de cérémonies rituelles : les habitants se regroupent et jouent jusqu’aux petites heures du matin. « Il est nécessaire d’entrer en transe afin d’être en mesure de jouer tout ce temps-là sans arrêter », précise le percussionniste.
Publié le 20 mai dernier, Gnawa Soul est le fruit de la rencontre entre Moktar Gania, Yacine Ben Ali et Anoir Ben Brahim. Composé de huit titres, cet album met en vedette la voix et l’aisance au guembri de Moktar Gania. Il a été entièrement enregistré dans la ville d’Essaouira, au Maroc. Pan M 360 a discuté avec Yacine Ben Ali de la création Gnawa Soul, de l’héritage de la musique gnawa, ainsi que sa présence au Festival Nuits d’Afrique.
PAN M 360 : Comment est né votre album Gnawa Soul?
Yacine Ben Ali : Cet album est le fruit de la rencontre entre Moktar Gania, Anoir Ben Brahim et moi. Dans le groupe Gnawa Soul, je suis percussionniste et arrangeur. Anoir Ben Brahim est le guitariste. Nous avons commencé la création de l’album il y a cinq ans. Nous voulions mélanger la musique traditionnelle du Maroc à la musique d’aujourd’hui. Nous étions prêts à le sortir avant le début du confinement. Malheureusement, la pandémie a mis le monde entier sur pause. Nous sommes extrêmement heureux d’avoir enfin publié le projet.
PAN M 360 : Est-ce que la gnawa a toujours été une musique thérapeutique, de catharsis, visant à guérir les blessures de l’âme?
Yacine Ben Ali : Oui, la musique gnawa a toujours eu cette vocation. Encore aujourd’hui, on l’utilise de cette manière. Lors des cérémonies que l’on appelle « Lila », le maâlem et les musiciens jouent de 20 h le soir jusqu’aux petites heures du matin. Le maître joue du guembri, une guitare basse nécessaire au rituel. Cette expérience dépasse le physique; c’est mental. Il est nécessaire d’entrer en transe afin d’être en mesure de jouer tout ce temps-là sans arrêter. Les fréquences sont au cœur de l’expérience. Il faut se préparer des jours à l’avance pour obtenir le résultat escompté. Ça apaise les esprits et mène à la guérison. Il y a de la musique spirituelle partout dans le monde, même au Canada.
PAN M 360 : Est-ce que la musique gnawa peut aussi être festive?
Yacine Ben Ali : Certainement! La musique gnawa peut être écoutée comme de la simple musique ou comme un hymne spirituel. C’est une musique qui est accessible à tous. Les gens qui ne connaissent pas les rituels peuvent chanter, danser et festoyer sur ce type de musique. Même pour nous, il arrive que l’on en écoute en dehors des cérémonies de rituels.
PAN M 360 : Comment un artiste obtient-il le titre de « maâlem » ou « maître », comme Moktar Gania?
Yacine Ben Ali : Pour devenir un maître, ça prend plusieurs années d’expérience. La personne doit apprendre à chanter, danser et jouer de nombreux instruments. Aussi, c’est souvent quelque chose qui se transmet d’une génération à l’autre. C’est le cas de Moktar Gania. Ça lui a pris 30 ans avant d’obtenir le titre maâlem. Il a appris auprès de son père et son frère.
PAN M 360 : Avez-vous collaboré avec des artistes étrangers pour la création de votre projet?
Yacine Ben Ali : Plusieurs artistes se sont joints à nous pour la création de l’album. Chacun d’entre eux est venu ajouter sa touche musicale. Entre autres, les musiciens français, Géraldine Laurent (saxophone) et Jean-Marie Ecay (guitare) ont participé au projet. Aussi, la chanteuse israélienne Neta Elkayam est venue ajouter une certaine douceur féminine à l’album. On est très content de ce que ces artistes ont ajouté au produit final.
PAN M 360 : Est-ce que des jeunes reprennent le flambeau de la musique gnawa, au Maroc?
Yacine Ben Ali : Plusieurs jeunes s’intéressent à la musique gnawa. Nous n’avons pas peur pour la survie de ce style musical. Au Maroc, nous avons plusieurs festivals et de nombreux jeunes y jouent du gnawa. Aussi, le gnawa n’arrête pas de gagner en popularité au Maroc. L’avenir de cette musique est prometteur.
PAN M 360 : Est-ce votre première visite à Montréal?
Yacine Ben Ali : Ce sera ma première fois à Montréal. J’ai extrêmement hâte d’y être et de rencontrer les gens. J’ai déjà joué à London au Canada. J’avais vraiment aimé ma musique et les gens étaient très accueillants. Moktar est déjà venu à Montréal. Il y a fait des concerts en 1991 et 1992. Il avait adoré ces deux visites.
PAN M 360 : On entend des sonorités jazz dans les pièces de Gnawa Soul. D’où vous vient ce mélange avec le jazz?
Yacine Ben Ali : Beaucoup de styles musicaux sont inspirés de la musique africaine. Dans la musique d’aujourd’hui, on retrouve plusieurs éléments de notre continent. De ce fait, la musique gnawa se mélange à merveille avec une multitude de styles musicaux. Le jazz en est un excellent exemple. Moktar Gania apprécie particulièrement ce genre musical.
PAN M 360 : À quoi doit-on s’attendre de votre prestation au Festival Nuits d’Afrique?
Yacine Ben Ali : Ce sera la première fois que nous présenterons notre album Gnawa Soul en Amérique du Nord. On vient à Montréal pour partager notre énergie positive et découvrir la culture de la ville. On veut faire connaître la musique gnawa aux Québécois. On espère qu’ils l’aimeront et qu’ils passeront une excellente soirée en notre compagnie!
Moktar Gania et ses musiciens se produiront au Théâtre Fairmount le lundi 18 juillet à 18 h. Achetez vos billets ici!