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Basé en Colombie-Britannique, Nathan Mots a choisi pour nom de scène Truant.J, en référence au roman d’horreur La maison des feuilles (2000) de Mark Z. Danielewski. Le ton est donné : sa techno est sombre, brute et dérangeante. Son deuxième EP, TRUANT002, est le fruit d’une collaboration avec le Britannique JoeFarr, l’États-Unienne basée à Berlin Krista Bourgeois et le Canadien The GOAT. Pour sortir sa musique, Truant.J n’a pas hésité à créer son label. Son objectif : mettre Vancouver sur la carte internationale de la techno.
PAN M 360 : Comment es-tu entré en contact avec la musique techno?
Truant.J : Je suis de Victoria, c’est un peu plus petit du côté de la musique. Il y a de très bonnes scènes folk, mais pas de grandes scènes de musique électronique. J’ai été exposé à la house music quand j’ai appris le DJing et, à travers cela, j’ai appris la techno. La première fois que je suis allé à Berlin avec des amis, j’ai découvert la scène club et j’en suis tombé amoureux. En rentrant au Canada, je me suis dit que c’était le genre de musique dans lequel je voulais vraiment m’engager.
PAN M 360 : Y a-t-il un-e artiste que tu as vu à Berlin qui t’a époustouflé?
Truant.J : Oui, Stephanie Sykes, sans aucun doute! Je l’ai vue jouer pendant la journée au Berghain, je suis arrivé au début de son set et je suis resté jusqu’à la fin. C’était incroyable et j’ai eu l’occasion de faire sa première partie à Vancouver, ce qui était plutôt cool.
PAN M 360 : Que peux-tu me dire sur la communauté techno de Vancouver?
Truant.J : Il y a cette diversité entre ce que l’on appelle la techno mainstream, avec des labels comme Drumcode, mais aussi beaucoup de labels plus proches des racines de la techno ; je pense que Vancouver a les deux côtés. Il y a une incroyable scène techno queer à Vancouver et des artistes qui font des choses vraiment chouettes, comme de la techno groovy et soulful, un peu sombre, mais sur laquelle il est agréable de danser. Il y a des gens qui créent des clubs pop-up pouvant accueillir 100 personnes, juste pour essayer d’accommoder les gens qui sortent de minuit jusqu’à 6 heures du matin, ce qui est vraiment du côté de l’underground.
PAN M 360 : Quels sont les endroits qui t’ont donné l’opportunité de développer ta carrière en tant qu’artiste et aficionado de la techno?
Truant.J : Il y a deux clubs à Vancouver qui sont vraiment importants pour moi. Le premier c’est l’Open Studios, qui a malheureusement fermé à cause de la pandémie, et il y a le Gorg-O-Mish Nightclub. Ils proposent des formules différentes, mais tous deux sont très importants. Le Gorg-O-Mish est une sorte de pilier à Vancouver, car je pense qu’il a plus de dix ans maintenant, ce qui est rare dans cette ville, surtout pour les clubs underground. C’est ouvert de deux heures à huit heures du matin; la plupart du temps, ils ne programment qu’un ou deux artistes par nuit. Ils mettent vraiment en valeur les talents locaux et laissent ces artistes raconter une histoire. Open Studios, juste parce qu’ils faisaient venir des tonnes d’artistes internationaux incroyables. Je pense que l’un des premiers sets auxquels j’ai assisté, à Vancouver, était celui de Steffi et j’ai pu voir des artistes locaux comme Nancy Dru. C’est une sorte de club familial, mais c’est aussi un espace qui accueille toutes sortes de gens différents et, pour cette raison, c’est un de mes endroits préférés.
PAN M 360 : Quand j’ai écouté The Last Sailing, un de tes EP précédents, je l’ai trouvé différent des autres. Est-ce que quelque chose a changé dans ton processus de création et, si oui, quoi?
Truant.J : Il y a un morceau de SNTS, Origin of Llight, qui est juste incroyable. Je me souviens de m’être promené à Vancouver une nuit et m’être senti physiquement mal à l’aise en écoutant cette chanson parce qu’elle est sinistre, sombre, brute et il y a des bruits qui arrivent et qui te font presque sursauter… Ça peut aussi passer par des mélodies plus sombres. Il y a une chanson de Godspeed You! Black Emperor, c’est juste quelqu’un qui parle d’un horrible monde dystopique pendant trois minutes et puis la chanson arrive (NDLR : The Dead Flag Blues). J’adore ce genre de musique. Je veux une musique qui me met un peu mal à l’aise, qui me fait m’asseoir et réfléchir.
PAN M 360 : C’est ce que tu voulais faire avec Wicked Fervor?
Truant.J : Je voulais faire quelque chose de vraiment agressif. Je me suis concentré sur les sons et comment les déformer ou les placer dans des espaces, afin qu’ils ne sonnent pas comme d’où ils viennent. Puis j’ai essayé d’y apporter une sorte de mélodie et de l’émotion, sans que ce soit ringard ou autre. J’essaie de trouver un équilibre. J’aime les trucs en 4/4, mais j’ai aussi envie d’explorer des trucs ambient plus sombres.
PAN M 360 : Comment es-tu entré en contact avec les artistes qui ont collaboré à l’EP?Truant.J : J’ai regardé les artistes de la communauté et de mon entourage que j’aimais vraiment. La musique de Krista Bourgeois est incroyable, elle vous donne ce sentiment brut, sombre et martelant. The GOAT, je le connais depuis des années et j’ai pu grandir artistiquement avec lui. C’est l’une des premières personnes que j’ai voulu approcher. JoeFarr m’a tellement soutenu que je voulais qu’il soit impliqué, je voulais faire passer le mot en dehors de notre communauté à un public plus large. Le rêve serait que Vancouver soit davantage reconnue sur la scène internationale.