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Sous le pseudo de son projet électro-pop, Super Plage, le Rimouskois Jules Henry dévoile ce vendredi son quatrième opus, Magie à minuit.
Depuis la création de Super Plage vers la fin de 2019, l’artiste n’a pas cessé de créer : il a déjà trois albums et une compilation de remix à son actif. Rapidement, il s’est taillé une place sur la scène montréalaise avec un son rafraichissant et dansant. Sous étiquette Lisbon Lux Records, Jules Henry a d’ailleurs participé à l’édition 2021 du concours des Francouvertes.
Grandement inspiré par des artistes tels que Polo & Pan et L’Impératrice, le projet se dévoile comme un portrait de la vie nocturne montréalaise. Magie à minuit représente ces soirées où tout semble beau et dont on aimerait ne jamais voir la fin. Dans cet opus composé de dix titres, Super Plage appose plus souvent qu’à l’habitude sa voix vaporeuse à ses propres productions, et on ne s’en plaint pas! Ses textes sont simples, efficaces et ajoutent davantage de légèreté à ses sons. Aussi, Jules Henry fait appel aux artistes Virginie B, Meggie Lennon et Le Couleur qui insufflent une dose de douceur supplémentaire à son art.
Le lancement de Magie à minuit se déroulera au Ausgang Plaza le 13 avril prochain.
Crédit photo : Marie-Michèle Bouchard
PAN M 360 : Comment s’est déroulée l’élaboration de Magie à minuit? Qu’est-ce que votre album raconte?
SUPER PLAGE : Ça doit faire presque deux ans que j’ai débuté la création de Magie à minuit et je l’ai terminé il y a environ six mois. C’est le premier album que j’ai commencé en sachant qu’il allait être produit par une maison de disques. Malgré tout, c’est un projet que j’ai fait par moi-même, avec tous mes amis. J’ai commencé le tout lorsqu’on ne pouvait pas toujours sortir de chez nous vers la fin de la pandémie. J’ai voulu créer un tableau de la vie nocturne de Montréal et des festivals que j’ai vécus dans les dernières années. Par exemple, Rue Dandurand, la collaboration avec Le Couleur, parle des fêtes incroyables qu’on a fait à notre studio sur la rue du même nom. C’est un projet qui a une bonne vibe. Je veux que les gens écoutent ça l’après-midi au parc ou dans les bars. Ma musique est simple, je ne suis pas quelqu’un de tourmenté dans la vie, je ne ferai pas semblant de l’être pour faire de la musique qui ne me ressemble pas.
PAN M 360 : Justement, parlons des artistes qui apparaissent sur le projet. Qui sont-ils et qu’apportent-ils?
SUPER PLAGE : Les artistes Virginie B, Meggie Lennon et Le Couleur sont présents sur l’album. Pour moi, c’est vraiment excitant l’étape où ils viennent ajouter des trucs à mes démos et que j’entends mes maquettes différemment pour la première fois. C’est souvent là que je comprends ce qu’est la vibe de mes morceaux et si je les aime ou pas. Presque tous mes amis sont mes co-réalisateurs. Mes amis et moi, on se montre nos démos et on est comme « ah ouais, je changerais la basse sur cette partie-là » ou encore « je trouve ce bout un peu trop long ». J’ai vraiment appris beaucoup en produisant avec du monde autour de moi. Ce processus est sans fin et mes morceaux s’améliorent sans cesse grâce aux idées des autres. Si j’avais à refaire Magie à minuit, ça serait sûrement très différent. Je pense que je ne sortirai jamais l’album que j’ai envie de sortir à la journée de sa sortie, si tu vois ce que je veux dire. Je sors tout le temps l’album que j’avais envie de faire il y a quelques mois. De me dire ça, ça me motive à continuer de produire, pour voir jusqu’où je suis capable d’aller.
PAN M 360 : Quels sont les outils que vous avez utilisés pour la création de votre album? Avez-vous un plug-in chouchou?
SUPER PLAGE : Je travaille dans Pro Tools. Il n’y a pas grand monde qui aime ça pour produire dans Pro Tools, ils trouvent que le MIDI n’est pas beau. Moi, j’aime vraiment ça et ça fait longtemps que je crée là-dedans. Par le passé, j’ai eu un excellent professeur qui passait cinq heures après les cours à montrer ses projets aux étudiants intéressés. Je trouvais que le workflow était vraiment bien avec Pro Tool. Pour la création de Magie à minuit, on a incorporé du thérémine et de la pedal steel. L’album est vraiment un heureux mélange de trucs, avec quelques instruments par-ci par-là qui rendent ça plus organique. Mes synthétiseurs, c’est tout du Omnisphere ou du Serum. Puis mon plug-in préféré, je pense que c’est le Brauer Motion. Ça fait passer les sons de droite à gauche avec un pattern différent. Ça rend le tout plus vivant, et j’adore ça. Je pense que la clé, ce sont les mouvements dans ma musique. C’est ça qui fait que tes épaules commencent à bouger. J’aime faire ce style de musique là parce que c’est tellement réactif. Ça se voit directement sur la piste de danse si un morceau est bon ou non.
PAN M 360 : Dans votre univers, quelle importance portez-vous à l’écriture et les paroles?
SUPER PLAGE : Je porte quand même beaucoup d’importance aux paroles. Personnellement, je ne mets pas beaucoup de paroles et je trouve que certains artistes mettent beaucoup trop de mots dans leurs morceaux. J’aime vraiment beaucoup la phrase du groupe Bon Enfant qui dit « Un endroit aux couleurs pastels où tout le monde rit de mes jokes ». Je trouve que ça démontre une belle fragilité et naïveté, sans passer par plein de métaphores un peu boiteuses. C’est le genre d’écriture qui m’inspire. J’aime que ça soit minimaliste, tout en portant une grande importance à chacun des mots. Je n’en mets pas que je n’aime pas. D’ailleurs, je chante plus qu’à l’habitude sur cet album-là. C’est probablement parce que Magie à minuit est plus personnel.
PAN M 360 : Que raconte votre morceau Laurence?
SUPER PLAGE : Ma gérante s’appelle Laurence et elle prend très bientôt sa retraite. Elle a été avec moi pendant trois ans et nous sommes de bons amis. Les dernières années n’ont pas été toujours faciles pour elle, mais elle a toujours été là pour mon projet. Elle a toujours été très motivée à l’égard de Super Plage et j’en suis très reconnaissant. J’ai créé ce morceau l’été dernier lorsqu’elle avait une baisse de moral. « Laurence », c’est à la fois une chanson pour faire la fête, mais aussi un adieu professionnel à mon amie et gérante.
PAN M 360 : Quelle est votre vision de l’avenir de la scène électro au Québec?
SUPER PLAGE : C’est intéressant parce qu’on vit vraiment dans une bulle où ce genre musical n’est pas super populaire. Je trouvais ça drôle à la dernière cérémonie du Gala de l’ADISQ, ça parlait de l’électronique comme étant une catégorie marginale et en péril. Au Québec, je connais une panoplie de producteurs électroniques qui sont excellents et qui ne sont pas répertoriés à l’ADISQ. Cette scène-là est beaucoup plus vivante que pas mal de monde le croit. Je crois que le Québec tarde un peu à embarquer dans la vague d’électro qui a déjà débuté depuis extrêmement longtemps en Europe. Cela dit, L’Impératrice a connu un solide succès ici et ça prouve que le Québec aime ce genre de musique. Dans le futur, je pense que la prochaine direction musicale ça va être la house-pop. Récemment, j’ai vu un documentaire sur les années d’or de la britpop de 1993 à 1997. À un moment donné, tout a arrêté et ce style musical a cessé d’être au top. Pendant que j’écoutais ça, je me suis dit « est-ce que ça va être la même chose pour l’électro-pop? Est-ce qu’il faut le prévoir, est-ce qu’il faut quitter le navire avant qu’il coule? ». Je ne pense que ça va arriver, mais on ne sait jamais.