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Le 16 mars prochain, dans le cadre de la Semaine du Neuf, accueille le TAK Ensemble qui présente Star Maker Fragments. En première partie la mezzo-soprano Kristin Hoff interprétera Love Songs d’Ana Sokolović, un opéra pour voix seule qui explore l’amour sous toutes ses facettes et dans plus de 100 langues. Entre chants, murmures et bruits, cette œuvre intense et contrastée nous plonge dans un voyage sur le thème des amours, où se mêlent passion, tendresse, perte et découverte.
Pour l’occasion, PAN M 360 a réalisé une entrevue avec Kristin Hoff qui nous partage ici son regard sur cette œuvre fascinante.
PAN M 360: Comment décririez-vous cette œuvre à quelqu’un qui ne la connaît pas?
Kristin Hoff: Love Songs est un opéra pour une seule voix, sans instruments d’accompagnement. Il est parfois chanté, parfois parlé, parfois bruité. La pièce aborde les thèmes de l’amour débridé, de l’amour tendre, de l’amour d’un enfant, de l’amour mûr et de l’amour pour quelqu’un que nous avons perdu. Chacun de ces thèmes est précédé d’un mouvement de Doves (colombes), qui s’amuse avec les mots I love you in, répétés à l’infini, en 100 langues, pour introduire chaque nouvelle section. La seule section qui ne comporte pas de mouvement de colombes est la toute dernière, l’amour pour quelqu’un que nous avons perdu.
Love Songs est un voyage non linéaire à travers différentes expériences et angles de l’amour, une chanson d’amour au cœur pur avec toutes les langues, couleurs et personnages que vous pouvez imaginer. C’est surprenant, émouvant, drôle et dévastateur – une aventure unique. J’espère que le public viendra l’esprit, les oreilles et le cœur ouverts.
PAN M 360: Vous avez interprété Love Songs dans plusieurs villes canadiennes et elle est devenue un classique de votre répertoire. Qu’est-ce qui vous attire tant dans cette œuvre?
Kristin Hoff: Cette pièce m’interpelle pour de nombreuses raisons : j’adore le travail d’Ana Sokolović. C’est une compositrice très, très inventive. Love Songs a tellement de contrastes, de couleurs et de caractères différents, ce qui signifie que je découvre de nouvelles choses à chaque fois que je travaille dessus, même 12 ans plus tard. De plus, il y a quelque chose de très libérateur, d’habilitant et de satisfaisant dans le fait de se tenir seul sur une scène. Tout repose sur mes épaules, ce qui, d’une certaine manière, représente une pression considérable. Mais j’aime que la pièce me consume et ne laisse aucune place aux petites inquiétudes insidieuses qui peuvent s’infiltrer dans les situations de représentation.
PAN M 360: Qu’apportez-vous de personnel à cette œuvre? Sur quels aspects mettez-vous particulièrement l’accent en tant qu’interprète?
Kristin Hoff: Hmm, j’ai vraiment l’impression de tout apporter à cette pièce, d’une manière que la plupart des autres pièces ne requièrent pas. Tout de mon cerveau, de mon corps, de mes sentiments. Une présence totale, je pense !
PAN M 360: Cette œuvre est un véritable défi vocal, notamment en raison de ses multiples inflexions et de l’utilisation de 100 langues ! Comment préparez-vous une telle performance?
Kristin Hoff: Tout d’abord, je suis une personne qui aime les défis. Je me souviens d’avoir commencé à apprendre cette œuvre il y a 12 ans et d’avoir été à la fois ravi et complètement intimidé par ce que j’allais devoir investir pour vraiment l’apprendre, pour le mémoriser. J’ai toujours aimé les langues, et la recherche sur la prononciation et la traduction a été un plaisir. Je crois que ce processus d’apprentissage et de mémorisation m’a demandé six mois de travail acharné. J’ai eu la chance de bénéficier d’un soutien important de la part du Conseil des Arts du Canada pour la période d’apprentissage. 12 ans plus tard, le processus de préparation du spectacle est très différent. J’ai beaucoup moins peur de la pièce, car je la connais au plus profond de mes os. Cela dit, je sais aussi très bien qu’il n’y a pas de raccourci pour éviter l’immense engagement mental et physique nécessaire pour se replonger dans la pièce et la jouer. Je dois faire de la place pour cela dans mon emploi du temps, dans mon corps, mon esprit et mon âme.
PAN M 360: Parmi vos nombreux engagements, vous êtes notamment directrice artistique et générale de Musique 3 Femmes et directrice exécutive du côté vocal des Mini-Concerts Santé. En quoi ces engagements influencent-ils votre approche artistique et votre travail d’interprète?
Kristin Hoff: Musique 3 Femmes est une compagnie d’opéra montréalaise qui se concentre presque entièrement sur la création. En fait, Love Songs est jusqu’à présent le seul spectacle que nous ayons produit qui ne soit pas également une œuvre pour laquelle nous avons soutenu le processus de création. Diriger cette compagnie et commander, développer et produire de nouvelles créations d’opéra grâce à mon travail avec M3F signifie qu’en tant qu’interprète, j’ai un plus grand respect pour les défis que représentent la production et la présentation de spectacles, ainsi que pour les personnes qui dirigent les organisations artistiques et rendent possible la multiplication des représentations.
J’ai également un plus grand respect et une meilleure compréhension des motivations et du processus des créateurs eux.elles-mêmes. En tant qu’artiste, j’éprouve une grande joie à travailler directement avec les créateur.trices. Je sais que presque tous les compositeurs vivants sont prêts à discuter des modifications à apporter à la partition et à mon interprétation pour améliorer mon interprétation de l’œuvre. L’interprétation de la musique nouvelle est une chose vivante et qui respire – j’adore ça !