renseignements supplémentaires
Le lancement de la saison 2025-26 de la salle Bourgie vient tout juste d’être fait, et s’annonce particulièrement relevé. Il faut dire que ce sera la 15e de la désormais vénérable institution, créée grâce à une collaboration exemplaire entre le Musée des Beaux-Arts de Montréal et le philanthrope Pierre Bourgie. Après le règne marquant d’Isolde Lagacé, c’est depuis quatre ans maintenant, la patte d’Oliver Godin, directeur artistique, et de Caroline Louis, directrice générale, qui trace la destinée d’une programmation annuelle toujours haute en couleurs et en qualité.
J’ai jasé vite vite avec les deux infatigables mélomanes d’un aperçu de la saison à venir, et de leurs coups de cœur (un exercice toujours impossiblement difficile).
À savoir ce qu’ils ont appris de leurs années de programmation pour la salle Bourgie, Olivier répond rapidement que le public montréalais est extraordinaire. ‘’C’est un public qui nous suit dans nos choix et les tournants qu’on veut donner à la salle’’. Il mentionne aussi la polyvalence de la salle, qui permet plusieurs configurations, mais aussi des rencontres privilégiées, et intimes, avec de très grands noms internationaux et locaux.
La bonne nouvelle, c’est que les jeunes sont aussi présents.’’On dit toujours que la musique classique c’est pour des têtes grises, mais nous avons une jauge de moins de 34 ans qui est en augmentation, et ça fait plaisir à voir. Bien sûr, nous aimons de tout coeur nos têtes grises, elles constituent le centre de notre public, mais c’est inspirant de voir que nos stratégies d’acquisition d’un autre public porte ses fruits’’, dit Olivier Godin. Caroline Louis précise que depuis trois ans, cette portion de spectateurs a doublé et dépasse désormais, en moyenne, les 15% de l’auditoire. Un chiffre plus qu’honorable considérant qu’il s’agit souvent de répertoire plus niché en musique classique.
Voilà qui réchauffe bien l’atmosphère. Pour la saison comme telle, inutile de dresser ici une longue liste d’épicerie, surtout que les détails sont disponible sur le site de la salle, mais il suffit de mentionner la poursuite de l’intégrale des lieder de Schubert avec (tenez-vous bien!), Wolfgang Holzmair dans ce qui sera l’un de ses derniers récitals avant la retraite, Anne-Sofie von Otter, l’étoile montante Andrè Schuen, Samuel Hasselhorn, l’exceptionnelle Victoire Bunel, et plusieurs autres. Une forte concentration piano sera mise de l’avant avec les visites de Leif Ove Andsnes, une résidence de Kristian Bezuidenhout, l’explosive Beatrice Rana, une intégrale Prokofiev avec David Jalbert, la Québécoise Élizabeth Pion, le retour attendu de Vikingur Olafsson dans Bach, Beethoven et Schubert, Alexandre Tharaud, une trop rare apparition de Dang Thai Son, le spectaculaire Fazil Say, et tellement plus encore, dont un événement qui promet d’être mémorable : la rencontre entre Marc-André Hamelin et Charles Richard-Hamelin!
Des violonistes à foison (Christian Tetzlaff, Jinjoo Cho, Andrew Wan, Tabea Zimmermann (alto)), du violoncelle, de la flûte de la guitare, etc. En musique d’aujourd’hui, quelques belles prises, comme l’excellent ensemble vocal new yorkais Roomful of Teeth avec du répertoire signé Missy Mazzoli et Caroline Shaw, entre autres. Aussi, le Duo Étrange (c’est son nom) formé de la soprano Vanessa Croome et de la violoncelliste Sahara von Hattenberger avec une création de Nicole Lizée. Les habitués sont toujours là : les Violons du Roy, les Idées heureuses, Arion Orchestre Baroque etc. Soulignons la venue de Collectif9, le très innovant ensemble à cordes montréalais qui nous fera voyager dans les diverses itérations de la Passacaille, de Frescobaldi à Ligeti.
‘’C’est très important pour nous de donner une tribune aux artistes d’ici. Ils constituent la moitié de notre programmation’’ – Olivier Godin
Le jazz (Jazzlab Orchestra, l’incontournable Taurey Butler et son Charlie Brown Christmas, François Bourassa en duo avec Marie-Josée Simard, l’ensemble Cordâme et son très beau spectacle Fabula Femina, le Kate Wyatt Quartet, une pianiste parmi les meilleures au Canada actuellement, et montréalaise, un hommage à Pat Metheny) et les musiques du monde (Zal Sissokho et sa poétique kora ouest-africaine qui rencontrera le jazz, la musique yiddish du Likht Ensemble et de compositeurs tués ou qui ont survécu à l’Holocauste, une rencontre unique entre la vénérable Alanis Obomsawin, 92 ans, et le double récipiendaire Polaris Jeremy Dutcher, en version piano-voix intime) sont toujours au rendez-vous, bien entendu, sans oublier les incontournables visites des musiciens et musiciennes de l’OSM et de l’OM, puis, dans un esprit plus aventureux, deux concetrts qui combineront musique et danse moderne.
‘’Nous programmons avec bonheur des valeurs sûres, mais nous aimons aussi provoquer des rencontres, essayer des choses et, peut-être, agir comme précurseur, en fusionnant des mondes’’ – Olivier Godin
J’en oublie des tonnes, alors plongez avidement dans la brochure maintenant disponible.
Avant de terminer l’entrevue, je n’ai pu m’empêcher de poser quelques questions bien vaches aux deux passionnés.
Votre moment le plus émotif en perspective? Olivier Godin : ‘’Moi je dirais le récital d’André Shuen. Ce sera sa première fois à Montréal et c’est un jeune baryton avec une intériorité extraordinaire. Il va mélanger des lieder de Schubert et des lieder de Mahler, sur des textes d’une beauté émouvante de plusieurs poètes, textes qu’on pourra suivre au-dessus de l’interprète.Ce sera un voyage très touchant, assurément’’.
Caroline Louis : ‘’C’est tellement difficile, mais je ne peux manquer d’évoquer le dernier concert de Wolfgang Holzmair, qui fera le Voyage d’hiver de Schubert.
J’en ai ajouté une couche : votre moment le plus surprenant? Olivier : ‘’Peut-être le concert d’improvisations sur claviers (piano, clavecin, orgue) d’Ilya Poletaev, qui jouera spontanément sur des images de tout le dernier siècle choisies par le directeur du FIFA (Festival international du film sur l’art de Montréal). Cinéma, caméras de surveillance, images de la NASA et créations d’IA, tout un ensemble qui dresse un portrait large et éclaté d’un siècle d’images.’’
Caroline : ‘’Le concert de Fazil Say, qui fera les Goldberg en jumelage avec ses propres compositions.’’
Il ne reste plus qu’à se rendre jusqu’à la salle de la rue Sherbrooke ouest.
Consultez la brochure en ligne
Consultez la liste des concerts sur le site de la salle Bourgie