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« Quand j’étais plus jeune, au secondaire, je passais souvent mes nuits à écrire. Je me réveillais le matin avec des gros cernes noirs en dessous des yeux, alors mes amis me surnommaient “le raton-laveur”. »
L’année 2020 a été faste pour Raccoon. Après avoir été nommé « Révélation hip-hop 2020-2021 » de Radio-Canada et avoir publié un monoplage sur le racisme systémique, il a dévoilé son troisième album, Le set up.
« C’est une très bonne année pour moi, j’ai réalisé que j’avais plus d’attention que je le pensais, se réjouit Shamyr Daléus-Louis. Par contre, le fait que ça s’est passé pendant une année difficile pour tout le monde, ça a nuit un peu au branding. »
Le confinement causé par la pandémie de COVID-19 est d’ailleurs à la source du concept de Le set up.
« Durant le confinement, il y avait beaucoup d’énergie négative qui traînait dans ma tête, explique-t-il. J’imaginais ça comme un gros piège dans lequel on était tombé. Je me remémorais par où j’étais passé pour me dire que j’avais déjà vu pire. »
Le rappeur originaire de Pointe-aux-Trembles a voulu pousser ce concept de piège autant sur le fond que la forme de l’album. En travaillant notamment avec le producteur français 94showtime, Raccoon a quelque peu modifié l’ambiance de sa musique pour la rendre plus accessible.
« Je sentais que ça ne me tentait pas de faire des trucs trop agressifs, trop dark, avance-t-il. Les productions que m’envoyait 94showtime était très planantes, très soul, très pop. Ça nous permettait de faire une antithèse dans la musique, avec des sujets lourds et une ambiance légère. »
Au début de l’été, alors qu’un mouvement important pour l’égalité raciale prenait forme ici et ailleurs, Raccoon a publié la chanson 19-2 « en soutien aux troupes qui manifestaient ».
« Je viens d’un HLM à Pointe-aux-Trembles, explique-t-il. Vue la grande majorité de garçons noirs qui habitaient là, on avait souvent droit à du profilage. Je voulais être un modèle pour dire qu’on peut aussi se servir du rap pour parler de ça aujourd’hui. »
Pourtant, le rappeur délaisse les enjeux du racisme systémique et de la brutalité policière sur Le set up, qui se veut plus introspectif.
« C’est vraiment un projet qui me concerne personnellement, avance-t-il. Gentil pour un noir, c’était un album pour me présenter. Le set up, c’est plus pour ceux qui me connaissent déjà: voici huit tracks en attendant la suite. »
Bien qu’il considère qu’il devra peut-être éventuellement quitter la Belle Province pour vivre de son métier, Raccoon défend avec fierté la scène hip-hop québécoise.
« Je pense qu’on a la scène rap la plus complète, se réjouit-il. C’est magnifique, ce qui se passe avec le rap keb. L’inconvénient qu’on a, c’est qu’on manque de structure et de personnes qui parlent de nous. On est tout nouveau et tout frais, c’est normal que ça prenne un peu de temps. »
D’un point de vue personnel, il estime qu’il a encore beaucoup à faire dans sa carrière pour passer au prochain niveau. Et rapidement, il a été confronté à la pression qui vient avec sa notoriété grandissante.
« Je ne peux pas rester un artiste émergeant toute ma vie, plaisante-t-il. Ma carrière évolue et je suis un peu confronté à la pression de remplir des salles et de vraiment make it. »
En attendant d’imiter Loud, son rappeur local préféré 一 Raccoon est « fasciné par les gagnants » 一 qui se vante de ne faire que des salles combles, Raccoon rappelle son désir de rester authentique dans sa quête vers le succès.
« Mon objectif, c’est d’être le meilleur, celui qui vend le plus, avance-t-il. Je veux aller le plus loin possible tout en restant moi-même, en me compromettant le moins possible. »