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La tristesse et la mélancolie sont monnaie courante en musique. Pour l’artiste anonyme Delachute, celles-ci sont les fondements d’un premier album homonyme. À travers 6 chansons, l’artiste explore des histoires sordides et personnelles, s’inspirant souvent de la triste réalité du système pénal canadien. Malgré le mystère autour de son personnage, Delachute ne refuse pas le contact médiatique, d’où cet entretien avec PAN M 360.
PAN M 360: Qu’est-ce qui a inspiré ce projet ?
DELACHUTE: Ce qui a donné une direction au projet, c’était mon boulot dans le système judiciaire canadien ou j’accompagnais des victimes d’actes criminels dans les audiences de libération de détenus. J’ai été inspiré par les histoires des victimes et des délinquants. Dans les deux cas, c’était des situations humaines vraiment complexes et souvent très tristes. Tu te rends compte qu’il y a souvent deux côtés de la médaille dans toutes les histoires. C’est de l’information assez troublante à laquelle j’ai été confronté assez souvent. En même temps j’ai toujours eu mon petit studio à la maison et j’ai toujours eu un intérêt pour la musique. Toutes ces espèces d’émotions, surtout négatives, s’accumulent. Quand je revenais des audiences, j’étais complètement drainé et je me mettais souvent à jouer de la musique. Je me suis mis à l’enregistrer.
PAN M 360: Quel fut le processus de création ?
DELACHUTE: J’ai presque tout fait moi-même. Systématiquement, quand je revenais des audiences, des idées commençaient à bourgeonner dans ma voiture. Chez moi, j’écrivais un peu en m’inspirant des moments intéressants et des paroles mélodiques. Les fins de semaine j’ai mis tout ensemble. Ça a été ça pour tout l’album. Sauf pour le mix final, j’ai presque tout joué moi-même.
PAN M 360: Pourquoi Delachute ?
DELACHUTE: Bonne question, j’essaie un peu de l’évacuer. Malheureusement la réponse n’est pas très sexy. C’est la rue sur laquelle j’habitais en Montérégie. Je voulais que mon nom soit en français, ça, c’est la première chose. Puis je voulais quelque chose de personnel. Ça répondait à ces deux critères. C’est aussi personnel, c’est l’endroit ou j’ai découvert ma passion pour la musique. Dernièrement j’aimais le mot chute. Ça évoque un peu l’aspect fataliste pour l’un des deux parties après une audience de libération.
PAN M 360: Ces thèmes sombres sont-ils nécessaires pour le style de Delachute ?
DELACHUTE: Non, je ne pense pas que c’est nécessaire. C’est la direction que le premier EP a prise mais c’est circonstanciel avec l’emploi que j’avais. Je ne dirais pas que ma musique va être seulement ça. Je n’ai pas envie que le projet ne soit que de la musique downer avec des histoires tragiques. C’est sûr que la mélancolie et la nostalgie sont les émotions musicales que j’aime le plus et auxquelles je reviens souvent, mais ça ne s’applique pas à tout.
PAN M 360: Pourquoi ce mystère autour du personnage?
DELACHUTE: Au début, je voulais quelque chose d’intéressant à l’esthétique. Ça m’a permis de séparer un peu le projet musical de ma personne. Aussi, les réseaux sociaux ne sont pas vraiment dans ma nature donc je préférais que ce soit un personnage plutôt que moi qu’on associe au projet.
PAN M 360: L’anonymat est-il nécessaire ?
DELACHUTE : Pour la première étape oui. C’était la façon la plus logique de me vendre pour moi. J’aurais été mal à l’aise de montrer des photos de moi-même en train de déjeuner. Pour l’instant, il n’y a pas de grands plans, il n’y a pas de concert donc c’est assez facile de conserver l’anonymat. Est-ce que ça veut dire que c’est nécessaire pour l’entièreté du projet et les prochaines sorties? Ça, l’avenir nous le dira, on verra comment je me sens par rapport à Instagram.