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Ce n’est pas sa première fois au Canada, mais ça sera sa première fois à Montréal. Mo’Kalamity, la reggae woman la plus connue de France sera de passage dans notre métropole le 15 juillet prochain pour nous présenter son plus récent opus Shine, conçu entre Paris, New York et Kingston. En effet, cette artiste originaire du Cap Vert et basée à Paris depuis l’âge de 6 ans est une fan de reggae depuis ses débuts, a décidé d’autoproduire tous ces albums pour être libre d’exprimer sa créativité selon ses termes. Notre journaliste Sandra Gasana s’est entretenue avec elle en direct de Paris, alors qu’elle se prépare à venir avec tous ses musiciens pour un concert exceptionnel.
PANM360: Bienvenue Mo’Kalamity! Et Bienvenue à Montréal dans quelques jours.
Mo’Kalamity : Merci à vous. On a hâte.
PANM360 : Ce n’est pas votre premier séjour au Canada ?
Mo’Kalamity : Ce n’est pas le premier, mais ça sera le premier à Montréal.
PANM360 : Avant de plonger dans l’entrevue, parlez-nous un peu de votre nom. D’où vient Mo’Kalamity ?
Mo’Kalamity : Il y a plusieurs significations. Je m’appelle tout d’abord Monica. Il y a un jeu de mots avec le début et la fin de mon prénom. Ensuite, il y a un peu cette idée de la femme dans le monde occidental qui est entourée d’hommes et qui dit toujours ce qu’elle pense mais avec une fleur dans la bouche. Et ensuite, dans un autre degré, c’est quelque chose qui est relié à la spiritualité, lorsqu’on parle de calamité, je tourne ça en espérant être une bonne calamité pour l’humanité.
PANM360 : Vous avez commencé comme choriste, puis vous avez créé le groupe The Wizards. Comment toutes ces expériences vous ont forgé pour préparer votre carrière solo ?
Mo’Kalamity : J’ai très peu chanté en tant que choriste, j’ai participé à différents groupes, mais très vite j’ai décidé de créer mon propre groupe parce que je commençais à avoir mes propres chansons, mes propres idées, et tout. Cette créativité commençait à naitre. J’ai très vite décidé de rassembler mes amis, les musiciens qui étaient autour de moi pour donner vie à ces premières compositions. Voilà comment a débuté l’aventure.
PANM360 : Comment le reggae est entré dans votre vie ?
Mo’Kalamity : J’ai toujours entendu du reggae, que ce soit chez moi, en famille et ensuite plus tard, lorsque j’ai davantage compris le message universel de cette musique, du combat qu’on relatait dans beaucoup de chansons. Cette rythmique m’appelle énormément. En fait, le reggae mélange le gospel, le jazz, le blues, toutes ces musiques dans lesquelles je pouvais m’exprimer dans l’adolescence. Dans le reggae, je retrouve tout ça, cette rythmique bien spécifique.
PANM360 : Le monde du reggae est dominé par les hommes. Quand vous avez commencé, c’était encore plus le cas. Aujourd’hui, 25 ans plus tard, comment voyez-vous la place des femmes dans le monde du reggae ?
Mo’Kalamity : On voit peut-être une petite évolution qui est reliée à tous ces nouveaux médias, que ce soit youtube, instagram, et qui amène aussi une autre visibilité à tout ce qu’on peut faire. Mais c’est vrai que malgré tout ça, s’il y a une comparaison à faire, on est toujours aussi peu nombreuses à tenir sur la durée. Je pense à Queen Omega, à des chanteuses comme Etana, qui sont là depuis de nombreuses années. Y a encore beaucoup de travail à faire, et encore plus aujourd’hui, il faut encore plus montrer et partager notre créativité.
PANM360 : Vous avez mentionné Queen Omega qui était là l’année dernière pour les Nuits d’Afrique. On a été très gâtés. Sinon, vous, depuis le début, vous avez fait le choix de vous autoproduire, de pas forcément travailler avec de grands labels. Pourquoi ce choix de l’autoproduction dès le début ?
Mo’Kalamity : Je pense que dès le début, ça s’est imposé à moi, du fait que j’avais envie de partager ma musique, d’être sur scène. Et en fait, l’autoproduction s’est imposée parce que j’avais pas forcément les contacts ou l’énergie nécessaire pour aller démarcher tous ces grands labels. Mais au final, j’ai très vite compris aussi que c’était une chance aussi parce que ça me permettait d’être assez libre dans ce que je pouvais proposer, et de pas me limiter, de pas avoir de barrières.
PANM360 : Quel a été votre processus créatif pour ce dernier album Shine, par rapport aux autres albums dans le passé ? Est-ce qu’il y a eu un changement dans le processus de création ?
Mo’Kalamity : Oui, tout à fait. Sur le précédent, One Love Vibration, c’était mon premier voyage en Jamaïque. Je suis partie à la rencontre de Sly Dunbar et de Robbie Shakespeare. C’était ma première rencontre avec la Jamaïque et ensuite, juste après le confinement, j’ai décidé de partir à New York pour un peu changer d’air, et découvrir cette ville, avoir d’autres énergies. Et il s’est avéré que j’ai rencontré différents musiciens, d’autres musiciens, de grands musiciens, dont Sidney Mills qui faisait partie du groupe Steel Pulse, des pionniers du reggae qui habitaient à New York. J’ai enregistré une partie de l’album Shine là-bas. J’avais cette envie aussi de retourner à Kingston, et de retrouver les musiciens avec lesquels j’avais fait l’opus One Love Vibration, donc je suis partie en Jamaïque pour enregistrer de nouveau. Donc, ça a été un pont entre Paris, New York et Kingston.
PANM360 : Cet album est donc international dans sa production. Qui sont les musiciens qui vont vous accompagner ici à Montréal le 15 juillet ?
Mo’Kalamity : Le 15 juillet, je serai entourée de mes musiciens, certains qui m’accompagnent depuis de nombreuses années, dont Yann Cléry à la flûte, Kael à la guitare rythmique, Simon à la batterie, Muctaru Wurie, de Sierra-Leone, un grand arrangeur sera aussi avec nous au clavier, et notre ingénieur du son. C’est vraiment une chance de voyager avec tous mes musiciens, de coller au plus près de l’album.
PANM360 : À quoi doit-on s’attendre pour le 15 juillet ? Comment les festivaliers doivent se préparer ?
Mo’Kalamity : Ils doivent être préparés d’une manière tranquille, venez vous relâcher, vous relaxer, venez vibrer avec nous, j’espère que ça sera un moment exceptionnel de partage et d’échanges.
PANM360 : Vous allez faire plusieurs morceaux de Shine j’imagine, mais aussi des anciens albums ?
Mo’Kalamity : Oui, c’est ça. Quelques morceaux de mes précédents albums, et exclusivement aussi Shine.
PANM360 : Ce que je ne savais pas et que j’ai découvert, c’est que vous veniez du Cap Vert. Quelle est la place du Cap Vert aujourd’hui dans votre musique, dans votre carrière ? Avez-vous un lien fort avec ce pays ?
Mo’Kalamity : Oui, tout à fait. Je n’y vais pas aussi souvent que ça malheureusement, mais en fait, le Cap Vert, je le porte en moi. Dans ma manière de m’exprimer, la manière dont j’aborde la musique. Je suis partie avec mes racines et aussi au travers de mes textes, de toute cette recherche d’identité, l’Afrique et le Cap Vert font vraiment partie de moi.
PANM360 : J’ai entendu une chanson en portugais dans l’album Shine, « Mundo ». Est-ce que c’est quelque chose que vous faites beaucoup que de chanter en portugais, ou c’est moins naturel ?
Mo’Kalamity : Je le fais moins, mais ça me vient de plus en plus. Je suis arrivée en France à l’âge de 6 ans, le portugais reste quand même ma langue maternelle même si je ne l’ai pas pratiqué pendant très longtemps. Et forcément, il y a quelque chose d’évident mais j’aime bien que ça arrive comme ça, que je n’aie pas à y penser.
PANM360 : C’est plutôt l’anglais qui vous vient d’abord, lorsque vous chantez le reggae ?
Mo’Kalamity : Oui, je pense que c’est vraiment ce qui m’attire dans l’anglais, c’est la sonorité et cette possibilité de travailler l’instrument de la voix différemment avec cette langue. Je crois que c’est ça qui m’appelle le plus. Le français reste une très belle langue, on peut exprimer différentes choses, différentes couches, mais l’anglais sonne beaucoup plus. Et puis toute cette culture du reggae vient aussi au travers de l’anglais.
PANM360 : En tout cas, vous le faites très bien. Vous avez une voix unique qu’on reconnait parmi plusieurs et on a hâte de l’entendre à Montréal dans quelques jours. Merci encore pour votre temps et on se dit à très bientôt à Montréal.
Mo’Kalamity : Merci à vous, hâte de vous retrouver dans quelques jours. Au revoir! One Love!