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Une ascension rapide et solide, sans concessions. À la vie comme à la scène, la rappeuse reste authentique et avance avec assurance. Alors que son EP Règle deux sort aujourd’hui, l’étudiante en génie physique à la Polytechnique Montréal planche déjà à son prochain album.
Marie-Gold, comme l’indique son pseudo, dégage une aura badass qui va en inspirer plus d’une.
Chloé Pilon-Vaillancourt de son vrai nom propose un rap émancipateur, qui s’affranchit des codes habituels. Ses musiques, ses textes, son flow donnent autant le goût de kicker des culs que de chiller dans son canapé. La force tranquille.
PANM360 : Tu as étudié au cégep du Vieux-Montréal, est-ce à l’adolescence que tu as développé ton goût et ton talent pour l’écriture ?
MARIE-GOLD : “J’ai toujours écrit. Déjà quand j’avais six ans je disais que mon rêve c’était d’être écrivaine. Tout le long de mon primaire je participais à des concours d’art oratoire. T’écris un texte sur un sujet, tu l’apprends par cœur et tu le récites devant une foule. Mon intérêt pour la scène et l’écriture est parti de là. Quand je suis arrivée au cégep, ça a pris une tournure plus théâtrale et musicale. J’ai commencé à côtoyer des gens qui faisaient de la musique, du rap. Le cégep du Vieux-Montréal est un milieu vraiment artistique, c’est là que j’ai commencé à me plonger dans la musique.”
PANM360 : En as-tu profité pour prendre des cours de musique ?
MARIE-GOLD : “ La première fois que j’ai pris vraiment des cours de musique parce que j’avais un intérêt c’était des cours de basse électrique pendant que j’étais dans Bad Nylon parce que je faisais tous les beats de Bad Nylon. J’ai commencé à apprendre la théorie musicale mais autrement, à part quelques cours de chant, je n’ai pas de formation musicale.”
PANM360 : Comment décrirais-tu ton parcours de rappeuse ?
MARIE-GOLD : “ Quand j’ai fini le cégep, j’étais en communication et loisir, j’avais besoin d’avoir une passion plus précise, je suis partie en voyage faire le tour de l’Inde à vélo, ça m’a permis de réfléchir, de découvrir. Quand je suis revenue je me suis dit que j’allais commencer les sciences et le rap. Bad Nylon c’était l’occasion d’avoir un safe space dans lequel faire mes premiers pas. Y’a eu deux formations avec Bad Nylon, j’ai beaucoup appris à la création musicale, j’ai aussi appris comment fonctionnait le milieu de l’industrie musicale. Ça devenait de plus en plus clair pour moi, c’est pour cette raison que je suis partie en solo.”
PAN M 360 : Quelles sont les rencontres qui ont changé les choses pour toi ?
MARIE-GOLD : “La deuxième mouture de Bad Nylon, rencontrer ces filles là, ça a été extraordinaire, parce que c’est la première fois que je pouvais écrire avec des filles, qui étaient super talentueuses, dans le milieu musical, c’est devenu sérieux. Je dirais que la rencontre de Frannie Holder de Random Recipe a aussi été très importante, elle m’a énormément encouragée, elle a été un mentor comme y’en a peu pour les femmes. Mon premier voyage à Bruxelles a été un game changer. Je me suis dit OK c’est ça le genre de musique que j’aime et que je veux faire. Une autre rencontre qui a été significative pour moi c’est les gars de Novengitum, un collectif de producers et d’ingénieurs du son, c’était la première fois que je faisais faire mes beats par quelqu’un d’autre, ils ont leveled up mon game ! ”
PAN M 360 : Parmi les artistes de la scène belge, lesquel.les t’ont inspiré ?
MARIE-GOLD : “ Swing, Romeo Elvis à ses débuts, Lous and The Yakuza, Paradise de Hamza absolument, et Amnesie de Damso évidemment, ça me parle énormément. J’ai rarement autant écouté une chanson en boucle. Y’a aussi Miseducation de Lauryn Hill que j’ai beaucoup écouté quand j’ai commencé à faire du rap. Un des trucs qui m’inspire le plus, ce sont les capsules Grunt, des sessions de freestyle.”
PAN M 360 : Tu commences à avoir une belle discographie, quelles sont les sorties qui ont une importance particulière pour toi ?
MARIE-GOLD: “ Mon premier EP a une signification particulière pour moi, Pureté dessus est magnifique. La chanson Doser avec J-Kyll, c’est le seul beat que j’ai produit de mon dernier album c’est aussi spécial. Impatiente pour moi ça a été un turning point parce que je la trouvais trop pop et en fait ça m’a fait embrace une structure et un flow plus pop. Ça a été un apprentissage parce que là j’ai envie de faire des choses plus accessibles sans piler sur la qualité. Règle deux c’est un turning point, cinq chansons pop, un peu comme le premier EP de Loud, c’est pop mais c’est solide. C’est ça que j’essaie de faire.”
PAN M 360 : As-tu eu l’occasion de te produire en concert cette année ?
MARIE-GOLD : “J’ai vraiment aimé le show que j’ai fait pour Coup de cœur francophone qui a été tourné et diffusé du Mexique. C’était une magnifique expérience car je suis retournée à la formule simple de DJ/rap et l’ambiance était très bonne, c’était plus simple comme setup, j’étais relax, j’ai vraiment eu une bonne vibe.”
PAN M 360 : Une bonne vibe qui se traduit musicalement sur l’EP, est-ce que passer du temps au Mexique pour compléter ton stage de génie physique a influencé ton processus créatif ?
MARIE-GOLD : Quand je suis arrivée au Mexique, « Règle deux » était terminé à 50%. Je voulais vraiment que le EP soit feel good, quatre tracks efficaces. Ça a influencé la forme.”
PANM360 : J’ai l’impression que sur cet EP tu approches ta voix différemment, plus dans les aiguës. As-tu changé quelque chose ?
MARIE-GOLD : “ En effet, pour le premier album c’était vraiment expérimental. Je commence vraiment à trouver mon son et c’est un son moins grave, plus chanté, je trouve ma signature là-dedans.”
PAN M 360 : Tous les beats sont produits par Rhys Lopez, que peux-tu me dire sur votre collaboration ?
MARIE-GOLD : “ À la suite de l’album, j’avais besoin de présenter un produit qui était plus uniforme musicalement, de faire affaire à un seul producer pour l’ensemble de mes tracks, c’était juste une soirée, j’étais sur track train, un site pour acheter des beats en ligne. Je tombe sur un, je l’adore, j’écris tout de suite Bye-Bye BB qui se retrouve sur l’EP et je contacte le producteur. J’aime tout ce qu’il m’envoie alors je lui propose de produire ton mon EP. Il était à Vancouver, j’étais au Mexique, mon ingénieur du son est à Paris… C’était vraiment virtuel comme EP.”
PAN M 360 : Il y a un gros travail sur les typographies, autant dans tes clips que sur tes pochettes d’albums. C’est quoi l’intention artistique derrière ?
MARIE-GOLD : “J’accorde une grande importance à l’identité visuelle du projet, je travaille avec Charles Desmarais, un artiste visuel extraordinaire, depuis des années. C’est lui qui a fait la typographie de Règle d’or et Règle Deux. C’est comme un morphing, on prend la pochette de Règle d’or, on fait un zoom, l’œil s’ouvre et le règle deux est à l’intérieur. C’est comme dire que c’est la genèse/l’arrière-pensée de Règle d’or. C’est exactement un clin d’œil.”